Fer de lance du cinéma LGBTQI+, le 28e festival Chéries-Chéris commence ce samedi 19 novembre. Dans une programmation qui navigue entre fulgurants coups d’éclat de grand·es cinéastes et pépinière de jeunes talents, voici notre sélection des films à ne pas manquer.
Le Festival Chéries-Chéris, l’une des manifestations les plus dynamiques et engagées en France pour promouvoir la création autour des identités LGBTQI+, s’ouvre ce samedi 19 novembre à Paris. Pour sa 28e édition, le festival du cinéma queer, gay, lesbien et trans a sélectionné 70 longs métrages et 64 courts métrages issus d’une quarantaine de nationalités, confirmant la volonté d’une inclusivité toujours plus grande. Une programmation extrêmement riche portée par des œuvres venues “questionner les préjugés, faire reculer l’intolérance avec courage et sincérité”, comme le rappelle dans son éditorial Grégory Tilhac, le directeur artistique du festival.
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Deux des plus beaux films de l’année
Au cœur de cette très dense sélection, on trouvera comme clé de voûte deux films sublimes, parmi les plus beaux de l’année 2022 : Days de Tsai Ming-liang (séance événement) et Le Lycéen de Christophe Honoré (film d’ouverture).
Le premier consolide un peu plus le désir de l’auteur taïwanais de rompre avec un cinéma narratif traditionnel. Dans un geste de dépouillement total, à la croisée entre le cinéma et l’installation vidéo, le film s’attache à saisir les gestes et les actions les plus quotidiens, qu’il saisit sans fragmentation pour en restituer la bouleversante beauté et les élever au rang d’épiphanie. Savant alliage entre récit autobiographie et portrait de la jeunesse d’aujourd’hui, le second est l’un des films plus libres et inventifs d’Honoré, qui marque la naissance d’un comédien absolument sidérant : Paul Kircher.
Des premiers films d’une grande audace politique et formelle
Pour ce qui est de la compétition officielle, le festival fait la part belle aux premiers films d’une grande audace narrative et esthétique. Parmi eux, il ne faudra pas rater l’ensorcelant Loup & Chien de la cinéaste portugaise Claudia Varejaõ, film insulaire d’une grande beauté plastique qui rebat les cartes du teen movie pour mieux célébrer la fluidité sexuelle et de genre.
Joyland de Saim Sadiq, le chouchou inattendu du dernier Festival de Cannes (c’était le premier film pakistanais à entrer en sélection officielle), sera également l’un des événements de cette 28e édition. Cette puissante charge contre le patriarcat qui règne dans le pays mettant en scène la comédienne trans Alina Khan est reparti avec le Prix du jury Un Certain Regard et la Queer Palm.
La représentation du désir
Notons également deux œuvres très différentes mais qui prennent le tournage d’un film pornographique comme terreau d’une représentation du désir. La nuit, tous les chats sont gris de Valentin Merz, irrésistiblement foutraque, synthétise le romantisme exalté de Yann Gonzalez et la cocasserie guiraudienne pour dessiner sa propre voie, celle d’un cinéma sensoriel, désinvolte et libertaire.
Beaucoup plus mélancolique, Pornomelancolia de Manuel Abramovich saisit dans une démarche très proche du documentaire la jeune carrière d’un acteur de porno gay bientôt influenceur sur le site Only Fans. Tendre et acide à la fois, le film raconte avec beaucoup d’acuité la permanente sexualisation et l’objectification que subissent les professionnels du porno, ainsi que l’extrême solitude derrière laquelle se niche la célébrité sur les réseaux sociaux.
Festival Chéries-Chéris, du 19 au 29 novembre à Paris, au Mk2 Beaubourg, Mk2 Quai de Seine et Mk2 Bibliothèque.
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