Une réflexion sur le cinéma et sa puissance mélancolique, deux moyens-métrages sublimes du grand Pedro Almodóvar, et un polar philippin à la magie noire obsédante… Voici les films à voir cette semaine.
Fermer les yeux de Víctor Erice
Cette fois, Erice s’intéresse à l’autre versant de la vie, quand le corps et l’esprit menacent de lâcher. D’un calme majestueux et d’une simplicité radicale, Fermer les yeux s’ancre dans la tradition de l’art testamentaire et dans celle des hommages au cinéma, sans pour autant dérouler un programme joué d’avance. Comme son héros lancé dans une quête qui s’impose à lui, le film divague, trouve sa forme à mesure qu’il se déploie.
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Lire la critique d’Olivier Joyard
Strange Way of Life de Pedro Almodóvar
Un western de 31 minutes réalisé par Pedro Almodóvar : quoi de plus excitant sur le papier ? Mais le maître espagnol sait-il s’adapter aux contraintes narratives d’un court métrage ? Promesse tenue : les fans ne seront pas déçu·es. Almodóvar, nourri de cinéma classique hollywoodien, joue ici avec les codes du genre et principalement celui de la vengeance, avec un grand respect et une forme d’allégresse.
Lire la critique de Jean-Baptiste Morain
La Voix Humaine de Pedro Almodóvar
En ouverture du nouveau film, bref (29 minutes) mais majeur, de Pedro Almodóvar, La Voix humaine (d’après Cocteau), une femme erre dans un hangar. L’attention est accaparée par la somptuosité de ses robes : en rouge et noir, de la haute couture contemporaine (Balenciaga) qui, dans ce cadre industriel désaffecté, semble ambassadrice d’une cérémonie crépusculaire : funérailles, voire antichambre de l’échafaud. Un visage émerge, blafard et inquiet, celui de Tilda Swinton, instantanément sublime et sublimée, telle une altesse déchue.
Lire la critique de Gérard Lefort
Quand les vagues se retirent de Lav Diaz
Entre les vagues et les potagers, les cris des coqs et les soleils fébriles, la magie noire qui se dégage du film en devient obsédante. Lav Diaz s’éloigne ici des catastrophes climatiques ou des révolutions avortées dont les Philippines sont le terrain pour en saisir une détresse plus intime. Derrière le crime qui gangrène le pays, c’est tout une mélancolie qui s’abat sur son peuple.
Lire la critique d’Arnaud Hallet
La Bête dans la jungle de Patric Chiha
Autour des amant·es sacrifié·es, le monde ne cesse de bouger, de s’éteindre et de revivre, de passer de la fougue de la fin des années 1970 à l’état d’hébétude mortifère des années sida, de la chaleur du disco au métal froid de la techno, de l’euphorie à la gueule de bois, d’un certain état de pleine conscience et de pure présence à une forme fantomatique, amaigrie, rigidifiée par l’endurance de la fête et du temps qui passe.
Lire la critique de Marilou Duponchel
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