Un film de vacances et de famille, traité avec la sensibilité et la rigueur du jeune cinéma allemand.
Premier film de Thomas Arslan à sortir sur nos écrans, Ferien est en fait le cinquième long métrage du cinéaste. Cette découverte tardive étonne quand on sait que ce Germano-Turc est présenté par certains de ses confrères comme l’un des premiers, avec Christian Petzold, à avoir réveillé le cinéma d’auteur allemand. D’ailleurs, on note que son contemplatif et douloureux Ferien présente de troublants points communs avec Nachmittag d’Angela Schanelec, récemment sorti en DVD : on y trouve la même difficulté des personnages à cohabiter, la même lumière douce et sensuelle, et ce goût évident pour les espaces de latence.Comme l’indique le titre, on se situe en plein dans le film de vacances, mêlé comme souvent au film de famille. Soit en perspective d’attendus conflits de générations et l’explosion de cruelles vérités. Fort heureusement, on n’a pas à craindre ici de se coltiner un nouveau Festen, la mise en scène d’Arslan se situant davantage du côté d’Ozu, donc d’un autre type de vacances : c’est un espace immuable, traversé par des temps insaisissables, qui s’offre à nous dans une magnifique série de plans fixes du jardin, de la maison et des sentiers environnants, comme autant de scènes vides que les personnages habiteront chacun à leur manière et orienteront dans des directions affectives différentes. Certains reprocheront sans doute à ce dispositif appliqué d’être un peu trop balisé, mais on peut aussi voir dans cette démarche, dont on aime l’élégante simplicité, une façon de composer intelligemment, sensiblement, avec la notion de passage obligé, de schéma familial reproductible ou pas. A l’intérieur de ces cadres imposés, les corps, tendus, affirment le plus souvent leur préférence pour l’isolement. Dans cet univers familial principalement féminin, grand-mère, mère et filles dorment souvent, s’enfoncent dans les bois ou les plis d’un montage elliptique ; elles ne supportent pas au fond de se ressembler et composent difficilement avec les hommes, tous effacés. Presque plus présent qu’elles encore, le bruissement des feuilles dans les arbres intervient comme un discret chœur antique qui évente l’anecdotique et nous berce dans de beaux temps immémoriaux, sages et consolateurs.
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