Loin des conventions de l’époque, Cukor filme les femmes dans toute leur complexité. Hasard du calendrier ou veille de la journée internationale des femmes, Femmes de George Cukor et Huit femmes de François Ozon sont diffusés le même jour. On pourrait disserter à l’infini sur les points communs entre les deux films : dès le […]
Loin des conventions de l’époque, Cukor filme les femmes dans toute leur complexité.
Hasard du calendrier ou veille de la journée internationale des femmes, Femmes de George Cukor et Huit femmes de François Ozon sont diffusés le même jour. On pourrait disserter à l’infini sur les points communs entre les deux films : dès le générique (des animaux sur les noms des actrices pour Cukor, des fleurs, dont certaines vénéneuses, pour Ozon), le parallèle commence. La ressemblance la plus évidente, c’est que les deux films sont exclusivement joués par des femmes. Ensuite, du ton (amoureusement vachard) aux décors (des lieux clos) en passant par les va-et-vient entre la réalité des comédiennes et la fiction de leurs rôles, on ne les compte plus. Mais leur point commun le plus remarquable aujourd’hui, c’est leur modernité. On pourrait même dire qu’Ozon, dans la forme, est postmoderne. Quant au fond, les deux auteurs sont à l’évidence progressistes. Ozon ose l’homosexualité féminine comme ressort dramatique principal d’un grand film populaire. Mais Cukor, dès 1939, dynamite le modèle féminin d’époque : épouse soumise, bobonne aux fourneaux, mère de famille modèle. Ses femmes aiment, quittent, divorcent, doutent, entreprennent. Contrairement à ce qu’on a souvent dit, il ne sublime pas les femmes. Il les filme au contraire dans toute leur complexité, parfois dignes, mais parfois mesquines, parfois belles, parfois moins. La seule certitude après plus de deux heures de film, c’est qu’il les aime.