Barbara Miller signe une série de portraits aiguisée dans sa dénonciation d’un patriarcat ancestral mais incapable de la faire résonner avec ses manifestations plus contemporaines.
Le documentaire de Barbara Miller se présente comme un catalogue de témoignages recueillis aux cinq coins du globe. Cinq femmes dénoncent et se battent contre des tyrannies masculines bien précises ; le tabou japonais autour du sexe féminin, le harcèlement en Inde, les mariages forcés dans la communauté hassidique new-yorkaise, les viols au sein de l’Eglise catholique et la pratique de l’excision dans les familles originaires d’Afrique.
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Epousant la forme d’un long reportage télévisuel, #Female Pleasure décrit, d’un côté, le poids que les religions et d’ancestrales pratiques socioculturelles font peser sur les épaules des femmes, et de l’autre, les courageuses initiatives prises par certaines d’entre elles pour renverser le patriarcat.
Cette modeste délimitation de son objet ne serait pas un problème si le film la revendiquait. Or le # de son titre et ses tout premiers plans témoignent d’une tout autre ambition : celle de s’inscrire dans le contemporain, ambition qu’il rate complètement. Il s’ouvre sur une série d’images publicitaires qui mettent en scène des femmes dans des situations où elles sont à la fois soumises et objectivées.
Cette amorce d’une critique du sort que le capitalisme réserve aux femmes est complètement délaissée par la suite pour se concentrer sur des pratiques déjà largement condamnées par l’opinion publique (extrémisme religieux, excision). Il y avait pourtant là une passionnante démonstration à exécuter : montrer comment la structure des sociétés, qu’elles soient d’ordre religieux ou économique, s’appuie depuis la nuit des temps sur l’exploitation du corps de la femme. Si la question centrale de la pornographie est effleurée, on reste cantonné à un « feel-good » état des lieux de combats aussi nécessaires que peu en adéquation avec les questions contemporaines d’accès au plaisir féminin.
#Female Pleasure de Barbara Miller (E.-U., R.-U., Ind., Jap., Sui., All., 2018, 1h41)
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