Un peu visionnaire, un peu filou, un peu opportuniste, très autoritaire, assez malin et gros parieur, Dino De Laurentiis avait toutes les qualités et aussi les défauts pour devenir un producteur important. Il n’avait peur de rien, et surtout pas de la faillite et du ridicule, habitué aux triomphes mais aussi aux bides. Avec pas […]
Un peu visionnaire, un peu filou, un peu opportuniste, très autoritaire, assez malin et gros parieur, Dino De Laurentiis avait toutes les qualités et aussi les défauts pour devenir un producteur important. Il n’avait peur de rien, et surtout pas de la faillite et du ridicule, habitué aux triomphes mais aussi aux bides.
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Avec pas loin de 500 films produits entre l’Italie et Hollywood, en 70 ans de carrière, il était devenu un des plus grands entrepreneurs de spectacle de l’histoire du cinéma, mais aussi une sorte de mécène providentiel pour quelques génies nommés Fellini, Visconti, Bergman, Cimino ou Lynch. Il est mort le 11 novembre à l’âge de 91 ans, à Hollywood.
Des superproductions, gouffres financiers
Fils d’un fabricant de pâtes de l’Italie méridionale, De Laurentiis envisage d’abord de devenir acteur. Après un peu d’assistanat sur des tournages, il produit ses premiers films à 20 ans, et connaît vite le succès.
Dans l’après-guerre, véritable âge d’or du cinéma italien, le jeune De Laurentiis produit plusieurs classiques, avec presque tous les plus grands cinéastes, souvent en partenariat avec l’autre producteur incontournable de l’époque, Carlo Ponti : Le Bandit d’Alberto Lattuada, Riz amer de Giuseppe De Santis, Europe 51 de Roberto Rossellini, La strada et Les Nuits de Cabiria de Federico Fellini. La Grande Guerre de Mario Monicelli, Une vie difficile de Dino Risi… sans oublier des comédies et des péplums.
A ce palmarès impressionnant s’ajoutent des superproductions internationales, comme Guerre et Paix de King Vidor, Barrabas de Richard Fleischer, La Bible de John Huston qui sont de véritables gouffres financiers, mais De Laurentiis parvient à renflouer les caisses grâce à une multitude de petits films de genre beaucoup plus rentables, comme le formidable Danger, Diabolik de Mario Bava.
En 1970, une certaine propension à la mégalomanie conduit De Laurentiis à produire un des films les plus chers de l’histoire du cinéma, et aussi un de ses plus gros bides : le monumental et complètement oublié Waterloo de Sergei Bondarchouk, dont le désastre réduira à néant les chances de Stanley Kubrick de pouvoir monter son Napoléon. Cela ne décourage pas De Laurentiis qui vend ses studios italiens, modestement baptisés Dinocittà, et part s’installer aux Etats-Unis en 1972.
Roger Corman ou Menahem Golan du riche
A Hollywood, il reste fidèle à sa boulimie et continue d’alterner cinéma d’exploitation et œuvres ambitieuses, avec les cinéastes les plus intéressants du moment, avec des fortunes diverses. Si Serpico de Sidney Lumet, L’Oeuf du serpent d’Ingmar Bergman, Ragtime de Milos Forman, L’Année du dragon de Michael Cimino sont des chefs-d’œuvre, c’est surtout avec Un justicier dans la ville de Michael Winner, King Kong de John Guillermin et Conan le barbare de John Milius que De Laurentiis gagne beaucoup d’argent.
Le producteur consolide sa réputation de pourvoyeur de films B à gros budgets, devenant une sorte de Roger Corman ou Menahem Golan du riche, avec des titres excentriques essayant de surfer sur les modes des années 70 et 80.
Cosa Nostra de Terence Young avec Charles Bronson arrive après Le Parrain, Hurricane est un film-catastrophe, Orca et Le Bison blanc des films avec des animaux géants, Flash Gordon une adaptation de la célèbre bande dessinée qui aurait aimé avoir le même succès que La Guerre des étoiles.
Si les films sont souvent ratés et échouent à séduire le public, ils bénéficient souvent du talent d’acteurs sous contrat (Max Von Sidow) et des meilleurs techniciens italiens embauchés par De Laurentiis pour travailler avec lui en Amérique. Et contrairement aux idées reçues, Un justicier dans la ville, Mandingo, King Kong et Conan le barbare sont de très bons films, et les deux derniers titres largement supérieurs aux croûtes numériques commises par Peter Jackson et compagnie dans les années 2000.
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