Aujourd’hui, une agence de voyage pour cinéphiles offrirait deux destinations aux Etats-Unis : une bourgade perdue du Minnesota et Las Vegas la démesurée - tant cette année ces deux endroits furent terres de fantasmes pour les cinéastes américains. Feeling Minnesota s’ancre dans le premier nommé et ses personnages embourbés dans un univers crasseux et […]
Aujourd’hui, une agence de voyage pour cinéphiles offrirait deux destinations aux Etats-Unis : une bourgade perdue du Minnesota et Las Vegas la démesurée - tant cette année ces deux endroits furent terres de fantasmes pour les cinéastes américains. Feeling Minnesota s’ancre dans le premier nommé et ses personnages embourbés dans un univers crasseux et déglingué ne rêvent que du second. Le film débute par un mariage : Freddie, ange blond/tête de cochon, se voit obligée d’épouser Sam le comptable véreux d’un caïd local pour avoir prétendument détourné des fonds. Abruti notoire, Sam est donc sa punition et rêve d’une jolie maison avec piscine tandis que sa promise n’aspire qu’à une carrière de danseuse exotique. Décidée à s’enfuir, elle vampirise le frère rejeté de son futur époux qui, fraîchement sorti de prison, est revenu pour la cérémonie en quête d’amour maternel. On assiste donc à une sorte d’anti-road-movie assez drôle où les fuyards tentent désespérément d’échapper à une ville-aimant comme pour effectuer un travail de deuil jamais accompli. Le film se place alors sous le signe de l’aller-retour, figure illustrée par une communication réglée sur le mode du tabassage. Et si Steven Baigelman se perd parfois dans la grossièreté un peu caricaturale de son microcosme, il présente avec une certaine jouissance des êtres passant leur temps à s’interpeller par des coups plutôt que par leurs noms, trop souvent incompréhensibles. Sans atteindre la profonde intelligence des frères Coen ou l’ambiguïté vénéneuse des meilleurs Gus Van Sant, Feeling Minnesota recèle un certain sens du mouvement et de la couleur. Film bancal mais étonnant, on ne saurait lui reprocher qu’une fin un peu convenue qui n’échappe pas à un certain goût pour le minable clinquant et une trop grande sagesse dans la mise en scène comme dans l’interprétation. Signalons néanmoins aux fans de Nirvana que la veuve Cobain fait ici une apparition remarquée et aux mordu(e)s de Keanu que leur idole est de plus en plus sexy.
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