Le réalisateur des Choristes fait désormais chanter le Front populaire pour un nouveau sommet de cinéma pompier à la papa.
Dimanche 14 septembre sur France 2. Drucker invite Kad Merad pour le lancement de Faubourg 36. L’occasion, pour Christophe Barratier, le réalisateur des Choristes, de s’exprimer librement. Deux éléments reviennent souvent. 1. Son courage : après le succès des Choristes, il aurait pu être tenté de se tourner vers l’inconnu. Mais non, il a préféré rester fidèle à lui-même et réaliser un film dans la lignée des Choristes… 2. Conséquence du 1., Barratier a prouvé, en se répétant avec une grande bravitude, qu’il est un “Auteur”.
On voit bien là avec quelle ironie – au-delà d’un art achevé de la rhétorique qui permet de faire passer un bégaiement pour une figure de style – combien tout réalisateur de cinéma français, même quand il ne revendique en rien l’héritage de la Nouvelle Vague (ou de la politique des auteurs) n’a au fond qu’un seul but : être un “Auteur”, donc avoir un style (comme d’autres auraient un cheveu sur la langue) et des thèmes (comme d’autres auraient des points noirs sur le nez). Soit. Hélas, être un auteur ne protège pas de la médiocrité et du pompiérisme.
Prenez Faubourg 36. Voilà un film “néoclassique”, une comédie musicale qui affiche les signes extérieurs du cinéma “réaliste poétique”, mais qui en ressent davantage la nostalgie que la nécessité. Film d’“atmosphère” en quête d’un grand cinéma français idéal et perdu, Faubourg 36 mélange avec professionnalisme les intrigues de La Belle Equipe de Julien Duvivier, du Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir et disons Footlight Parade de Lloyd Bacon, à moins qu’il ne s’agisse plutôt de Gold Diggers de Mervyn LeRoy – deux comédies musicales américaines des années 30 chorégraphiées par Busby Berkeley.
Dans les rôles principaux, les acteurs français les plus rentables du moment : Jugnot (dans un rôle de gentil cocu comme Bernard Blier en joua tant), Cornillac (en clone de Jean Gabin) et Merad (à la fois Julien Carette, Aimos et Jean Tissier). Pour faire un “beau” film, Barratier est allé chercher un grand chef op américain (celui d’Eastwood) et un bon décorateur. Eh oui, tout est beau… Ajoutez des flonflons, de la valse musette et de l’accordéon, et vous aurez tout compris de Faubourg 36, bon gros gâteau plein de bons sentiments et de coups de théâtre étouffe-chrétiens, qui vaudront bien un jour un oscar à son auteur (remember La Môme et sa “French nostalgy”)… De cinéma, à part de vastes mouvements de caméra censés rappeler Les Enfants du paradis (qu’on aime ou non Carné, il y avait souvent de la fièvre dans sa mise en scène), il n’y a point.
L’auteur Barratier, c’est la politique du plus petit dénominateur commun, une réduction des êtres humains à des clichés de base du cinéma, émus de sentiments primaires exprimés dans des dialogues redondants. Jamais une scène ne dure, et c’est normal, puisqu’on sait déjà ce qui s’y joue dès qu’elle a commencé… Le Front populaire ? Des pauvres roublards qui faisaient grève pour voir la mer, sans se rendre compte, les naïfs, qu’ils “dansaient sur un volcan” (dixit le dossier de presse). Barratier n’est sans doute pas malhonnête. Mais son cinéma, fondé sur la reconnaissance et le retour du même, est bébête.
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