« Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur » (Jean Cocteau). Voilà le programme qu’applique à la lettre le Néo-Zélandais Peter Jackson dans son cinquième film. Sur le ton de la comédie d’aventures, il ne traite en effet rien de moins que les relations entre les vivants et les morts. A ce titre, il n’hésite […]
« Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur » (Jean Cocteau). Voilà le programme qu’applique à la lettre le Néo-Zélandais Peter Jackson dans son cinquième film. Sur le ton de la comédie d’aventures, il ne traite en effet rien de moins que les relations entre les vivants et les morts.
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A ce titre, il n’hésite pas à réactiver la catégorie intermédiaire des morts-vivants : ici, ce sont des morts qui ont choisi de rester sur terre plutôt que de tenter le paradis ou l’enfer. Ils n’ont pas l’apparence de zombies mais plutôt de doux ectoplasmes transparents. Seul Franck Bannister (Michael J. Fox, impeccable) peut les voir et les entendre, parce qu’il fut lui-même victime d’un accident limite. Le jour où le fantôme du serial-killer Johnny Bartlett se met à poursuivre son catalogue de meurtres, personne d’autre que Franck ne peut donc tenter de l’en empêcher… Sur ces fondations, Jackson a bâti un scénario tellement compliqué qu’il tombe parfois dans les pièges de l’ennui et de l’incohérence (les spectateurs joueurs s’amuseront à relever les erreurs). Mais ce script farfelu n’est qu’un prétexte aux délires visuels du réalisateur. Les fantômes justifient les effets spéciaux les plus sophistiqués. On retrouve la veine des premiers films gores de Jackson (Meet the feebles, Brain dead) mêlant exubérance visuelle et humour féroce. Ainsi, lorsque le fantôme du vieux juge trombine dans un musée une momie égyptienne impassible, puis réajuste sa ceinture en bougonnant « J’aime les filles qui se laissent faire », on se souvient du bien nommé Bad taste, savoureuse parodie des « films d’extraterrestres » bien avant Mars attaque ! La comparaison avec Tim Burton n’est pas gratuite puisque dans les meilleurs moments (ici, la belle idée du jardin que Bannister fleurit pour sa femme défunte, et davantage dans Créatures célestes, son précédent film), c’est à son onirisme que renvoie le cinéma de Peter Jackson. Ici, il n’y a pas méprise : Fantômes contre fantômes n’est certes pas un grand film. Juste une comédie au scénario un peu trop alambiqué, mais à la réalisation efficace, voire virtuose dans certaines scènes il ne faudra notamment pas manquer la fin, impressionnante.
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