Un conte délicat et stylé.
Fantastic Mr. Fox est une histoire pour enfants écrite par l’écrivain britannique Roald Dahl, auteur célèbre de Charlie et la Chocolaterie et de James et la Grosse Pêche.
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On y suit les mésaventures d’un renard et de sa petite famille : une femme, quatre enfants. Trois fermiers, victimes habituelles de ses forfaits, décident un jour de l’éliminer définitivement par tous les moyens dont ils disposent : pelles, pelleteuses et dynamite.
Le renard, habile fouisseur, creuse plus vite que les fermiers, qui décident de faire le siège de son terrier. Mais Maître Renard et tous ses amis (Blaireau, Lapin, etc.) trouvent la réplique définitive à la folie des hommes : ils vivront désormais en permanence sous terre et, grâce à un réseau de galerie, s’alimenteront dans les caves de leurs trois agresseurs.
Un conte pour enfants qui dissimule une morale bien triste et écologique : la haine des hommes contraint les animaux à se terrer à jamais.
Wes Anderson, dans ce film d’animation tourné en stop motion, tire ce texte classique pour les enfants anglo-saxons vers l’histoire de famille (son terrain de prédilection), tout en lui conservant son contexte paranoïaque et aventurier (poursuites, effractions, combats).
Mr. Fox est un renard moderne, chevaleres-que et amoureux : il a renoncé à sa nature première (le vol) par amour pour une jolie renarde avec qui il a eu un enfant unique.
Devenu journaliste pigiste et dandy (avec son costume trois-pièces wesandersonien),le très civilisé et raffiné Mr. Fox souffre néanmoins d’un semblant de désocialisation et de non-reconnaissance de son talent. Il rêve de faire fortune et de s’offrir un bel appartement dans un grand arbre.
Comme le héros de A History of Violence de Cronenberg ou le scorpion qui pique la grenouille chez Welles (Dossier secret – Mr. Arkadin), sa vraie nature va reprendre le dessus, et il s’attirera l’ire des trois affreux paysans du conte. Se mêle à cela le récit d’apprentissage de son petit garçon, qui devra apprendre à trouver sa voie et à ne pas chercher à imiter ni son père, ni son cousin si talentueux.
Jamais Anderson ne s’éloigne trop du récit de Dahl, mais ce qu’il apporte à l’histoire intéresse davantage les spectateurs adultes que les poursuites un peu longues et répétitives, surtout destinées aux enfants.
Anderson apporte aussi sa touche délicate, ce style si particulier et chic qui transforme le moindre travelling latéral en un instrument de découverte scientifique, de dévoilement d’un paysage, d’une situation.
La caméra semble dérouler un vieux papyrus égyptien qui nous enseigne un épisode inconnu de l’histoire, la traduction d’un nouvel alphabet. Comme si l’écran se dépliait à l’infini sur ses bords, comme un livre à pop-up. Une figure de style enfantine, déjà déployée dans ses films avec acteurs pour adultes, qui trouve toute sa chair et son sens dans ce festival de figurines pour enfants plus amusantes les unes que les autres (la palme à l’acolyte de Fox, son voisin l’opossum).
Wes Anderson réussit le mariage tendre et parfait entre l’univers de Dahl – so british – et le sien – so hype – (les acteurs choisis pour doubler les personnages le prouvent), avec ce brin de mélancolie (apporté aussi par les musiques de Georges Delerue composées pour les films de Truffaut) qui baigne depuis toujours ses films de famille si particuliers.
Avec les voix de George Clooney, Meryl Streep, Jason Schwartzman, Bill Murray, Willem Defoe, Jarvis Cocker, Owen Wilson.
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