La rencontre entre un jeune homme et une jeune fille, des parents pesants, absents ou carrément beaufs, une petite ville anonyme et ennuyeuse du nord de la France… On le voit à partir de ces quelques éléments de base, Familles, je vous hais, premier long métrage de Bruno Bontzolakis, se situe en plein centre d’un […]
La rencontre entre un jeune homme et une jeune fille, des parents pesants, absents ou carrément beaufs, une petite ville anonyme et ennuyeuse du nord de la France… On le voit à partir de ces quelques éléments de base, Familles, je vous hais, premier long métrage de Bruno Bontzolakis, se situe en plein centre d’un territoire archibalisé par le cinéma français récent.
Le film débute donc par la rencontre de Jessica et Thierry sur une plage quasi déserte de la Côte d’Opale. Ils flirtent, décident de continuer à se fréquenter une fois rentrés chez eux. Problèmes : le papa de Thierry est absent, sa maman délaissée est hystérique et possessive ; de l’autre côté, la mère de Jessica est soumise et effacée… Quant à son père, il cumule tous les handicaps : machiste, autoritaire, borné et militant Front national ! « J’ai voulu parler du fascisme ordinaire, explique le réalisateur, comme une réaction à une dévastation qui n’est pas que sociale, mais aussi et surtout familiale, en entrant brutalement dans l’intimité des gens, sans faire de discours politique. Je ne voulais pas juger, juste montrer. » Malheureusement, ces intentions fort louables en soi ne passent pas vraiment sur l’écran. Les parents en général, et le père facho en particulier, sont tellement chargés (un plan essaie de le sauver mais ne suffit pas à lui redonner une épaisseur) qu’ils apparaissent plus comme repoussoirs que comme personnages à part entière. Bontzolakis a voulu filmer et démonter le mécanisme de la « banalité du mal », mais pour une entreprise aussi délicate et ambitieuse, il vaut mieux être Fritz Lang. En désignant trop directement sa cible, Bontzolakis ne réussit pas à éviter la caricature réductrice et maladroite. Finalement, le plus intéressant dans ce film n’est pas la confrontation générationnelle ou la question de la filiation problématique, mais la relation entre les deux jeunes gens : atermoiements sentimentaux, affects réels mais qui ont du mal à s’extérioriser surtout chez la fille , c’est ici que le film sécrète un chouïa de mystère et d’opacité. Autre atout mineur (et sans doute involontaire) du film, son manque de moyens : avec indulgence, on y verra un petit côté série B plutôt sympathique, esthétique bricolée qui convient au portrait d’une France provinciale atone, dépeuplée, comme vidée de sa substance vitale.
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