Dans « In the fade » de Fatih Akin, une femme perd son fils et son mari dans un attentat. Scénar sur rails, acteurs caricaturaux, pathos grossier, réalisation lambda, discours contestable, ce film n’avait pas le niveau attendu en compétition cannoise.
Après Mundruczo, Lantimos voire Baumbach se pose la question : que fait ce film en compétition ? Après avoir envoyé l’année passée le surprenant et subtil Toni Erdmann de Maren Ade, l’Allemagne nous gratifie cette année d’une daube certifiée à message très contestable.
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Diane Kruger joue ici une femme qui perd son fils de 6 ans et son mari dans un attentat. C’est bien sûr horrible, et au cas où on serait insensible, l’actrice et le réalisateur nous l’assènent à grandes louches de larmes, de crises de nerfs et de mines décavées (gros budget maquillage glauque pour enlaidir la belle Kruger). Une enquête est en cours, promettant peut-être un intense suspens à longue mèche à la Zodiac. Las, les coupables sont retrouvés en dix minutes et on passe au film de procès.
Les prévenus sont des néo-nazis, donc des méchants très méchants, figures repoussoirs auxquels Akin n’accorde aucune attention, ce qui évite au spectateur d’être troublé dans ses confortables certitudes. L’avocat des nazillons a la mâchoire carrée, le cheveux ras, la mine patibulaire, une vilaine cicatrice sur le front : Akin n’a manifestement pas écouté Hitchcock (« plus le méchant est séduisant, etc »). Par contre, il ménage enfin un twist surprenant : Diane Kruger perd le procès (sorry, spoiler) malgré son avocat talentueux (seul personnage un peu subtil à sauver de cette choucroute bien grasse).
Ecrit sur pilotage automatique, réalisé à la truelle téléfilmesque
Place au 3ème acte qui réussit l’exploit de faire agir Kruger comme les fascistes que le film entend dénoncer avec une petite « daesh touch » en supplément d’inconséquence. Ecrit sur pilotage automatique, réalisé à la truelle téléfilmesque, ahurissant dans la trajectoire qu’il dessine pour son héroïne et dans le propos que le film véhicule, dénué de toute grâce (même la bo est moche), In The fade aurait du rester « in the fade », loin des projecteurs cannois (et laisser sa place allemande en compète au très bon Western de Valeska Grisebach). Cela dit, le film a été très applaudi par une assistance pas bégueule qui n’aime pas les nazis mais adore les mères courage et la loi du talion.
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