Jusqu’au 29 juin, les photographies en noir et blanc d’Eva Truffaut sont exposées à la galerie Chappe à Paris.
Ce que j’aime, dans les photographies d’Eva Truffaut exposées à la galerie Chappe, à deux pas du funiculaire de Montmartre, c’est que ce sont des films.
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Je m’explique : il y a semble-t-il deux types de sujets qui intéressent la photographe. D’une part des visages, pris en très gros plans et volontairement surexposés pour qu’ils apparaissent tout de blanc parés dans le noir. D’autre part des paysages urbains (New York ?), exposés eux aussi longuement à la pellicule sans pied.
On a donc, dans ce noir et blanc au sens propre du terme qui n’aime pas les gris, des visages qui ont un peu bougé pendant le temps de pose, et des paysages qui tremblent parce que la photographe, elle, a forcément un peu tremblé.
Est-ce l’aube ou le crépuscule que photographie Eva Truffaut ? Je crois qu’elle filme ce qui se situe entre les deux : la vie. L’œuvre photographique d’Eva Truffaut est bonne parce qu’elle est comme le café : elle ignore l’instantané. C’est du temps qui entre dans son objectif, donc ce que j’appelle un peu bêtement du cinéma.
D’où l’impression de mouvement qui se dégage de ces films concentré en une seule image. Surtout de ses portraits : qui sont ces visages si lisses à moitié dans l’ombre et à moitié dans la lumière ? Des statues de marbre qui bougent comme chez Cocteau ? Des fantômes, des ectoplasmes comme aimaient les photographier les spirites britanniques de la fin du XIXe siècle ?
Et surtout : que font-ils au juste ? Sortent-ils de l’ombre pour aller vers la lumière où sont-ils entrain de reculer pour disparaître dans l’obscurité ? Entre la vie et la mort, leur destination nous demeure indécidable.
Jean-Baptiste Morain
Exposition Eva Truffaut à la galerie Chappe (4 Rue André Barsacq, 75018 Paris, téléphone : 01 42 62 42 12), prolongation jusqu’au 7 juillet 2013.
Nota Bene : en anglais, « Christmas Eve » désigne non pas le réveillon de Noël comme on le croit trop souvent en France, mais la journée qui précède Noël, la « veille » du jour de fête. Toute la journée, de l’aube jusqu’à la fin du jour, de l’obscurité à l’obscurité en passant par la lumière.
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