Ridley Scott revisite les aventures de Moïse en Egypte dans un blockbuster subtilement retors.
Après le Noé de Darren Aronofsky, c’est au tour de Ridley Scott de revisiter l’Ancien Testament dans Exodus – Gods and Kings, qui raconte la fuite des Hébreux, guidés par Moïse hors d’Egypte où ils étaient maintenus en esclavage. Entre les deux films se devine une même intention narrative : réinjecter du réalisme dans les représentations classiques de la Bible, privilégier l’étude psychologique de ses héros plutôt que les grands tremblements spectaculaires.
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Certes, Ridley Scott remplit son cahier des charges, et n’oublie aucun climax annoncé : de la bataille de Qadesh au cycle des dix plaies (pluies torrentielles, invasions de grenouilles, de mouches, etc.), tout est ici réuni dans un show pyrotechnique parfois gracieux, souvent conventionnel. Mais le réel objet du film est ailleurs : c’est Moïse, l’homme, l’élu, dont Ridley Scott dresse un portrait singulier.
La scène de la révélation est à ce titre édifiante : d’abord présenté comme un incroyant, Moïse rencontre Dieu (incarné par un gosse acariâtre – géniale idée) après une chute qui lui a valu un coup au crâne et sûrement
un traumatisme, explique sa femme à son chevet. A partir de cet instant, le cinéaste insinue l’hypothèse selon laquelle tout ceci – Dieu, la Bible, les religions monothéistes – n’était peut-être qu’un délire, la création mentale d’un berger frappé.
Bien sûr, les miracles surviennent, mais ils sont souvent contrariés par une interprétation discordante : un scientifique qui cherche à rationaliser les dix plaies ; un témoin qui observe de loin Moïse parler seul quand celui-ci croit s’adresser à Dieu, dans des scènes dont on est sûr qu’elles ne figurent pas dans l’Ancien Testament. Faire le spectacle de la religion tout en ménageant un espace à sa critique, c’est la grande intelligence politique de Ridley Scott, dont le film plaira autant aux bigots qu’aux sceptiques.
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