Les Films Sous-titré « Les Films-Enquêtes cul(tes) de Jean-François Davy », ce coffret permet de revivre, à travers la carrière de Davy (qui deviendra par la suite un pionner de l’édition vidéo), les premiers émois du hard français, durant la courte période des expériences cinématographiques rendues possibles par la levée de la censure, avant la promulgation en 1976 de la diffamante loi X qui enferma la pornographie dans un ghetto économique et artistique dont elle n’est toujours pas sortie.
Jeune cinéaste-producteur, Jean-François Davy enchaîne au début des années 70 les comédies érotiques à succès (Les Bananes mécaniques, Prenez la queue comme tout le monde). Tiraillé entre son gožt de la gaudriole et des aspirations plus ambitieuses, il produit en 1975 Change pas de main, le premier véritable long métrage pornographique français distribué en salle.
Il est signé Paul Vecchiali, franc-tireur attiré par les aventures inédites et qui, après le magnifique Femmes femmes, souhaitait briser son image d’auteur respectable. Change pas de main est, selon Vecchiali, un « PPP », ces initiales pasoliniennes désignant un « policier politique pornographique ». Pour la première fois, un film traditionnel intègre dans son récit des scènes de sexe non simulées, notamment une fameuse scène de partouze où se mêlent comédiens professionnels (Myriam Mézières, Jean-Christophe Bouvet) et spécialistes des deux sexes du film de cul. Parmi ces derniers, une jeune femme, Claudine Beccarie, va fasciner Jean-François Davy présent sur le tournage, à tel point qu’il va lui consacrer un documentaire, Exhibition, dans lequel la jeune femme va se confier, évoquant avec gouaille et franchise sa vie, ses aspirations, ses sentiments sur son métier. L’esprit à la fois familial et libertaire qui régnait à l’époque dans le monde du porno français est nuancé par certains détails sordides et la tristesse cachée du personnage.
Le film est un triomphe commercial et déclenche la curiosité de la critique, incitant Davy à retourner des scènes avec Beccarie quatre ans plus tard (elle a renoncé à ses aspirations d’actrice pour devenir effeuilleuse dans des spectacles forains) et à mettre en chantier un Exhibition 2, cette fois-ci autour de Sylvia Bourdon, comédienne beaucoup moins sympathique, adepte du sadomasochisme mondain.
Dans une même optique documentaire, le coffret propose également Plainte contre X (version soft d’une trentaine de minutes des Pornocrates), film-enquête sur le cinéma porno avec des témoignages amusants de Vecchiali, Jean-Christophe Bouvet, No‘l Simsolo mais aussi des ouvreuses des salles spécialisées parisiennes, et Prostitution, constitué de témoignages de prostituées de la région parisienne. Toute une époque.
Les DVD Pour une fois, les suppléments sont tout aussi intéressants que les films eux-mêmes. Il s’agit essentiellement d’entretiens avec Jean-François Davy, qui explique sans la moindre hypocrisie, avec beaucoup d’honnêteté et parfois d’autocritique, le contexte, la genèse et la carrière (artistique et économique) de ses films, événements médiatiques à l’époque qui ont acquis aujourd’hui une incontestable valeur sociologique et devraient intéresser tous les historiens du cinéma et les amateurs de films de cul.
Ce beau coffret est complété par un fac similé de L’Avant-scène cinéma n¡550, qui propose un dossier sur l’érotisme au cinéma et le découpage intégral d’Exhibition. Un encart publicitaire nous invite à acquérir par correspondance et sous pli discret la version complète des Pornocrates avec toutes les scènes hard. Quant à Claudine Beccarie, elle a disparu de la circulation et nul ne sait ce qu’elle est devenue.Olivier Père
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Exhibition(s) de Jean-François Davy
(Edition Opening, coffret de 7 DVD, environ 50 Û)
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