L’exfiltration de Syrie d’une jeune mère convertie. Une tentative de fiction sur le terrorisme plus qu’honorable.
La terreur islamiste brûle les doigts de notre cinéma, qui évite de l’aborder de front pour des raisons tant culturelles (la France est à la bourre quand il s’agit de filmer son histoire présente) que commerciales (reports en tout genre planant sur de rares exceptions, comme Made in France, recalé en e-cinéma après une sortie en salles prévue au départ le… 18 novembre 2015).
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Il faut donc du courage pour s’y frotter, et conservons cela au crédit de ce premier film qui s’attaque à un double récit touchy : celui d’une jeune mère fraîchement convertie, partie pour Rakka (Syrie) avec enfant avant d’y déchanter peu à peu ; et celui de sa tentative d’exfiltration, gravitant autour du mari paumé et conduite par une sorte d’antiterrorisme artisanal, fait de microcellules œuvrant à l’ombre de la DGSE dans le nid de guêpes stratégique.
Exfiltrés n’a certes pas les épaules pour se hisser au niveau de la grande fiction contre-terroriste espérée depuis quelques années : pas assez de héros, de richesse dramatique, d’arrière-fond, un certain aspect fabriqué ne rendant pas son univers pleinement vivant. Il est néanmoins une tentative plus qu’honorable : l’ébauche d’une quotidienneté de chaque camp, d’un trombinoscope d’agents, de passeurs, de soldats, d’âmes perdues, formant un (sinon le) grand sujet de notre temps qui finira bien, espérons-le, par accoucher d’une œuvre à sa mesure. On n’oubliera pas la dette qu’elle devra alors à ce genre de modestes prédécesseurs.
Exfiltrés d’Emmanuel Hamon (Fr., 2019, 1 h 43)
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