L’une des forces de Farhadi, ce sont les scénarios twistés, riches en surprises, retournements et virages en épingle à cheveux. Rien de tel ici : un interminable prologue en forme de dépliant touristique pour l’Espagne rurale (Penélope revient d’Argentine dans son village de la Rioja pour assister aux noces de sa sœur) laisse place à la disparition d’une jeune fille lors de la fête de mariage (allo, Nordahl Lelandais ?), événement qui va faire tomber les masques de la famille et de la population villageoise.
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Cruz et Bardem cabotinent
Le coup du choc qui révèle les vrais caractères et arase le vernis social est un procédé narratif assez usé et génère ici peu de suspense, si ce n’est un enchaînement peu séduisant de vieilles rancœurs, de frustrations recuites et de règlements de comptes. Cruz et Bardem en font des tonnes, particulièrement Penélope, qui a recours aux pires clichés de jeu pour figurer la mère éplorée par la disparition de sa fille : crises de larmes, tête dans les mains, secousses et tremblements là où on attendrait un jeu plus distancié et moderne.
Du côté de la mise en scène et de l’image, Farhadi semble être parti de tous les clichés associés à l’Espagne (le soleil, le vin, les vieilles pierres, les tempéraments muy calientes, la fiesta…) sans parvenir à les dépasser, comme le fait si souvent un Almodóvar. Le théâtre farhadien tourne cette fois à vide.
Everybody Knows d’Asghar Farhadi (Esp., Fr., It., 2018, 2 h 12)
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