Après le remarqué Caramel, la réalisatrice s’attaque aux conflits religieux qui empoisonnent le Liban. Un peu trop prévisible mais plein de charme.
Et maintenant on va où ?”, c’est la question littérale posée par des villageois durant un enterrement, alors qu’ils hésitent entre le carré musulman à droite, et la section chrétienne de leur cimetière à gauche.
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C’est aussi la question posée par la réalisatrice Nadine Labaki à propos de son pays, le Liban, et plus généralement aux sociétés déchirées par la gangrène des conflits religieux.
Remarquée pour son premier long métrage, Caramel, Labaki confirme qu’elle est la chef de file d’un nouveau sous-genre cinématographique : le film arabe auteuristo-populaire (Caramel fut un succès et celui-ci est parti pour faire aussi bien, voire mieux).
Ce qui relève du cinéma d’auteur chez Labaki se situe du côté du scénario et des thématiques abordées : ici, l’aveuglement religieux, la violence intégriste, la brutalité machiste et plus largement les guéguerres qui ne devraient même pas exister, mais que s’invente l’homme pour avoir le sentiment d’exister.
Ce qui appartient au registre populaire, c’est la façon qu’a Labaki de traiter un sujet grave par la légèreté, l’injection de bonnes doses de comédie, une mise en scène claire et classique qui fait la part belle aux acteurs et aux dialogues.
Pour rester dans les références méditerranéennes, il y a indubitablement du Pagnol ou de la comédie italienne dans le cinéma de Nadine Labaki, mélange de sujets forts et de truculence.
La principale réserve que soulève Et maintenant où on va ?, c’est que cinématographiquement, on sait toujours parfaitement où on est (dans une tragi-comédie) et où on va : vers un message d’espoir, de tolérance et de vivre-ensemble.
Message sans doute nécessaire mais pour le moins prévisible. On regrette également que dans ce Clochemerle entre musulmans et chrétiens, il y ait aussi peu de place pour les athées, mais ce trait est sans doute fidèle à la réalité.
Cela posé, pour aller vers son “vouloir-dire” sans mystère, le film emprunte des tours et détours parfois irrésistibles, que l’on ne dévoilera pas, sauf pour indiquer que les femmes et une spécialité libanaise bien connue y jouent un rôle aussi hilarant que déterminant.
Si ce n’est pas ici que l’on trouvera l’ombre d’une révolution du cinéma arabe (pour ça, voir plutôt du côté d’Elia Suleiman, Ghassan Salhab, Joreige-Hadjithomas ou Danielle Arbid), Et maintenant où on va ? est un feel-good movie au meilleur et moins cynique sens du terme.
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