En octobre 1967, dans la petite école d’Higuera située dans le maquis bolivien, une courte rafale de pistolet mitrailleur frappe un homme en guenilles : Ernesto Che Guevara meurt les yeux ouverts. Dindo s’attache à suivre pas à pas les derniers mois de l’existence du Che à travers des documents d’époque (lecture de la lettre […]
En octobre 1967, dans la petite école d’Higuera située dans le maquis bolivien, une courte rafale de pistolet mitrailleur frappe un homme en guenilles : Ernesto Che Guevara meurt les yeux ouverts. Dindo s’attache à suivre pas à pas les derniers mois de l’existence du Che à travers des documents d’époque (lecture de la lettre d’adieu du Che au peuple cubain par Fidel Castro, etc.), mais aussi par une reconnaissance des routes et des terrains empruntés par le révolutionnaire cubain et ses guérilleros. Le silence est la première chose qui frappe dans ce film. La bande-son qui accompagne la lecture du journal n’est ponctuée que de bruits de pas ou du chant des oiseaux. Une aura mystique entoure la forêt et les cours d’eau où nous marchons. On pénètre dans le maquis bolivien comme on entre en religion : avec la même foi dans la révolution que celle qui habitait Che Guevara. Ici, Richard Dindo montre que la révolution est en marche (les hommes sont à pied) et qu’elle s’effectue miette après miette, corps après corps. La terre et le paysage prennent dans le film une importance physique, à tel point que l’on cherche à déceler dans ce visage géographique le moindre signe qui nous rapprocherait du Che. Dindo ne sombre pas dans la mythologie du personnage mais nous dit ou plutôt « fait dire » par la lecture du journal et le témoignage des rescapés, soldats, paysans ou guérilleros combien Ernesto Che Guevara était humain. Le réalisateur avait auparavant tourné un film sur Arthur Rimbaud, un autre voyant, engagé dans les voies d’une écriture révolutionnaire. Ici, l’écriture n’a de révolutionnaire que son aridité et la description sèche, mais réaliste, de ce que signifie « faire la révolution ». En s’appuyant sur la phrase de Rimbaud (« la vraie vie est ailleurs ») et sur Ici et ailleurs, titre de film révolutionnaire d’un autre cinéaste suisse, Ernesto Che Guevara, le journal de Bolivie développe son propre adage historico-philosophique : la vraie vie est ici.
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