Le comédien suédois Erland Josephson vient de mourir à 88 ans.
Ingrid Thulin, Liv Ullman, Bibi ou Harriet Andersson… On se souvient plus volontiers des actrices préférées d’Ingmar Bergman que de ses acteurs masculins. Deux comédiens très importants ressortent pourtant du lot : évidemment Max Von Sidow, surtout dans la première partie de sa filmographie (Le 7e sceau, La Source), et Erland Josephson, qui vient de mourir, lundi, à l’âge de 88 ans, au moment même où Von Sidow s’apprêtait à participer à la remise des oscars à Hollywood…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Erland Josephson avait joué, y incarnant une sorte d’alter ego du réalisateur, dans une douzaine de films d’Ingmar Berman, entre 1946 (Il pleut sur notre amour) à 2003 (Saraband) : Scènes de la vie conjugale, Cris et chuchotements, Face à face, Sonate d’automne, Fanny et Alexandre, Après la répétition, En présence d’un clown.
En voyant Saraband (2003), le dernier film de Bergman, dans lequel Josephson et Liv Ullmann reprenaient, trente ans après, leurs rôles respectifs et mythiques de la série télévisée (et du film) Scènes de la vie conjugale, on a peut-être un peu trop dit que les angoisses devant la mort exprimées par le personnage interprété par Josephson renvoyaient à celle du cinéaste suédois, oubliant que le comédien était lui-même octogénaire, et déjà atteint par la maladie de Parkinson qui allait l’emporter – ses mains tremblaient dans le film.
On a également souvent dit et écrit qu’Erland Josephson incarnait un versant masculin différent de celui de Max Von Sidow dans le cinéma de Bergman : un personnage moins haut en couleur et romantique, moins ténébreux, plus gris, plus intellectuel mais aussi plus cynique, ironique et froid. Mais ce versant correspond sans doute d’abord à l’évolution personnelle de Bergman et au fait que Von Sidow s’était engagé dans une carrière internationale et hollywoodienne, laissant la place à un Erland Josephson très attaché à son pays et au théâtre, comme Bergman (auquel il succéda à la tête du Théâtre dramatique royal de Stockholm, en 1966).
Ce qui ne l’empêcha pas de tourner lui aussi à l’étranger, en Italie avec Damiano Damiani et Liliana Cavali, et avec deux autres grands cinéastes : le Russe Tarkovski (dans Nostalghia – où le personnage que Josephson incarnait s’immolait par le feu – et Le Sacrifice) et Théo Angelopoulos (Le regard d’Ulysse), le cinéaste grec décédé il y a quelques semaines.
Jean-Baptiste Morain
{"type":"Banniere-Basse"}