Quinze ans après La Tour Montparnasse infernale, Eric et Ramzy reviennent dans son prequel avec Philippe Katerine dans le rôle du méchant. L’occasion pour une rencontre au sommet autour du sens de l’humour.
Quinze ans après La Tour Montparnasse infernale, Eric et Ramzy reviennent à la comédie catastrophe en prenant cette fois d’assaut un aéroport. Durant ce long intervalle, pas mal de choses ont changé : le tandem a croisé la route de Quentin Dupieux, s’est frotté à des univers de cinéma plus arty, et ces influences infiltrent désormais leur comique.
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La drôlerie y est toujours un peu indécidable, les gags flottent et ils maîtrisent de mieux en mieux cet art du rire à contretemps. Eric réalise, Ramzy a coécrit, et Philippe Katerine compose un spectaculaire méchant de film d’action, psychopathe en dehors, petit garçon traumatisé en dedans, à l’unisson de leur inspiration cinglée.
Qui a eu l’idée de faire un prequel de La Tour Montparnasse infernale ?
Eric – C’est venu lors d’une séance d’écriture, je ne sais plus trop comment. (Ramzy lui chuchote quelque chose à l’oreille) Ah bon ? C’est toi qui as eu l’idée ?
Ramzy – (dans un soupir, feignant l’humilité et l’embarras) Oui…
Mais pourquoi un prequel plutôt qu’une suite ?
Eric – ça nous arrangeait par rapport à notre vieillissement…
Ramzy – Eric a tellement pris !
Eric – Ouais, voilà. J’ai mal vieilli alors que Ramzy n’a pas pris une ride. En vrai, on n’avait pas envie de faire vieux gogols. Alors, on s’est dit : autant faire leurs parents gogols. Donc remonter dans le temps plutôt que d’avancer. Tu vois le délire ?
Philippe, tu connaissais bien le premier film ?
Philippe – Ah oui, je l’ai vu à sa sortie et je l’ai tout de suite beaucoup aimé. On m’a confié plusieurs fois ces dix dernières années des cartes blanches de programmation cinéma et j’y ai toujours inscrit le film. Du coup, il se retrouvait parfois à côté de La Maman et la Putain de Jean Eustache (1973). De fait, ce sont deux films importants pour moi.
Avant La Tour Montparnasse infernale, il y avait déjà eu La Cité de la peur des Nuls, qui injectait une bonne dose de culture anglo-saxonne dans le cinéma comique français. Mais La Tour… m’a éberlué. Tout à coup, le film nous mettait en contact avec un humour qu’on ne connaissait pas.
Vous avez pas mal évolué depuis 2001. La Tour Montparnasse infernale, vous vous en sentez encore proche ou un peu loin aujourd’hui ?
Eric – On a beaucoup évolué, c’est vrai. L’humour est moins burlesque, plus sur une forme d’absurde un peu étrange. Mais on reste des clowns burlesques.
Ramzy – Il faut dire que depuis qu’on a posé notre costume de clown, personne ne l’a mis à notre place. Comme s’il était honteux.
Vous avez l’impression que, parmi les artistes qui pratiquent différentes formes de comédie en France, il n’y a pas de vrais clowns ?
Eric – On pratique “différentes formes de comédie” en France ? Désolé, moi j’ai l’impression au contraire qu’au stand-up, dans les formats courts de la télé, au cinéma, tout le monde raconte à peu près la même chose. A savoir la lutte des pauvres contre les riches. C’est presque le seul sujet au Jamel Comedy Club, par exemple – comment ces mecs de cité qui mangeaient des cailloux, finalement, sont devenus riches.
Si on prend Dany Boon, avec ses histoires de petit cadre modeste du Nord pétri de bonnes valeurs, c’est un peu la même chose. C’est toujours au fond la démonstration que les riches sont cons et les pauvres des gens formidables, et surtout qu’ils ont beaucoup à apprendre les uns des autres. Il n’y a qu’un seul sujet de comédie en France. Molière nous a bien niqués.
Ramzy – Moi, j’avoue… J’aime bien Molière. (rires) Surtout les habits ! ça me rappelle les sorties scolaires, les premières fois que j’entrais dans un théâtre. J’arrivais à rigoler alors que je comprenais un mot sur quatre. Mais lui ça l’impressionne pas parce que c’est un bourgeois.
Eric – Ouais, c’est ça : les habits et les perruques ne m’impressionnaient pas, parce que mes parents portaient les mêmes à la maison. (rires)
Dès vos débuts, vous vous êtes dit que vous alliez faire rire sans faire de l’observation sociale ?
Eric – On ne se l’est pas formulé comme ça, mais c’est vrai qu’en France, à part Pierre Richard, personne ne nous inspirait. On avait un univers d’humour plutôt anglo-saxon.
Parfois, on a vraiment l’impression que vous recherchez un humour gênant, où le public ne sait pas trop où il faut rire…
Eric – Un de nos plus grands fous rires sur scène, c’était à l’Olympia. On est entrés dans un tunnel d’impro où on a peu à peu abandonné le public. On sentait le volume de rire baisser, la gêne monter, et nous, ça nous faisait de plus en plus rire, jusqu’à ne plus vouloir s’arrêter. C’est vertigineux comme sentiment. On appelle ça passer de l’autre côté.
Philippe, tu as ressenti ce plaisir à tirer sur l’élastique au risque qu’il casse ?
Philippe – C’est différent quand on écrit des chansons. On est tout seul. Faire ça n’est pas aussi amusant que quand on le fait à deux. Mais c’est vrai que quand j’écris, je peux entrer dans un jeu avec l’auditeur, où je ne cherche pas seulement à le séduire. Je peux avoir envie de l’agacer, de jouer avec ses nerfs. J’aime bien les disques, les films qui travaillent sur une sorte d’embarras. En humour surtout, le malaise est le meilleur allié. Ramzy – Je voudrais dire que Philippe Katerine a fait la meilleure pochette de disque de tous les temps. C’est celle où il pose avec ses parents. Avec Eric, quand on est tombés dessus, on a fait un long “Oooooops”. Et puis la chanson et le clip de Juifs, Arabes, vraiment, respect absolu !
Tu envisages de tourner à nouveau un film comme réalisateur, plus de dix ans après Peau de cochon ?
Philippe – J’ai refait un film il y a deux ans, Magnum. Il n’est pas sorti en salle mais a été diffusé sur Canal, très tard. ça a été leur plus mauvaise audience. Un record historique. Ils devaient être 13 000 devant le film. Quand on me l’a annoncé, ça a quand même été un choc. (rires) Et puis, après, on se dit qu’on est quand même vraiment content de l’avoir fait.
Tu avais des modèles de méchants en tête pour ton personnage ? Genre Alan Rickman dans Die Hard ?
Philippe – Je n’avais rien en tête. Je suis venu la tête complètement vide pour la remplir sur place.
Ramzy – Oui, c’est le problème avec Philippe, il n’a pas du tout travaillé. (rires)
Philippe – Je sortais du film de Benoît Forgeard, Gaz de France, qui travaille sur un autre rythme comique, beaucoup plus ralenti. Et donc, au début, je traînais un peu sur toutes mes phrases. Eric m’a fait rapidement comprendre qu’il fallait que j’accélère un petit peu. D’ailleurs, pour nous mettre dans le rythme, Eric passe beaucoup de musique très fort entre les prises : funk, zouk, rap. Avec eux, il faut aller vite et fort.
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Le film est parfois très gore. C’est nouveau chez vous.
Ramzy – Oui, on voulait aller encore plus loin que Tarantino ! Dans ses films, même dans les scènes dramatiques, il y a souvent un moment où c’est le sang qui gicle qui fait éclater de rire. On s’est dit que s’il nous piquait le rire, on pouvait lui piquer le sang.
Pourquoi c’est toi le supplicié, Ramzy ? Celui qui se prend tous les objets tranchants dans le dos, se fait aplatir les mains… ?
Ramzy – (en pointant Eric du menton) ça le fait marrer. C’est moi le pédé. C’est moi qui saigne tout le temps. ça me fait rire aussi, mais si ça se trouve, à l’intérieur de lui, il jubile d’un petit rire méchant en se disant : “Je lui en ai encore mis plein la tête.” (rires)
Eric – C’est vrai qu’on le chiffonne, Ramzy, dans celui-là. En victime, il est hilarant. Naturellement, il fait le penaud, le mec qui subit…
Ramzy – Euh… C’est ta vision, mec. Moi dans la vie, je me vois comme un conquérant.
Eric – Tu vois ? Même ça, tu le dis dans ta barbe, comme un soumis ! (rires)
Philippe – Ce qui est bien avec Eric et Ramzy, c’est qu’ils sont dominants et soumis chacun à leur tour. ça s’équilibre. Comme dans les fratries. D’ailleurs, ce sont souvent les seuls qui se comprennent. En fait, je le dis moi parce qu’ils sont trop pudiques pour le dire eux, mais il y a entre eux beaucoup d’amour. (rires)
On a du mal à imaginer le scénario de La Tour 2 contrôle infernale. Votre humour doit passer assez mal l’écrit.
Eric – On doit écrire les scénarios les moins drôles à lire. Tout tient au jeu, à la gestuelle… C’est d’ailleurs sûrement pour ça qu’on a galéré pour financer celui-là. Les télés ne comprenaient pas le film, ne trouvaient pas le scénario marrant…
Ramzy – Je pense que ça vaut même pour nos spectacles, qui sont assez pauvres si on ne prend en compte que le texte. Notre premier spectacle, à lire, c’était pas drôle du tout. Alors qu’à voir, c’était le deuxième spectacle le plus drôle de tous les temps !
Quel est le premier ?
Ramzy – Celui de Tomer…
Eric – Ah bon ? Tomer Sisley ?!
Ramzy – Ben oui, tu sais, il a refusé Game of Thrones, ça lui a laissé le temps de préparer ses spectacles. (rires) Vous avez vu passer cette info ? Le mec aurait refusé Game of Thrones parce qu’il était déjà engagé sur un téléfilm en France. Si Game of Thrones appelait Eric ou moi, on planterait l’autre même en plein tournage de La Tour 2 contrôle infernale !
Ramzy, tu viens de tourner un film comme réalisateur, toi aussi…
Ramzy – Oui, ça s’appelle Hibou. J’interprète un type qui porte dans sa vie quotidienne un costume de hibou. Mais les gens de son entourage ne s’en rendent pas compte et ça le rend fou. Eric joue le rôle du seul type qui remarque que mon personnage ne va pas bien dans ce monde. Et Philippe joue aussi dans le film.
Philippe – J’interprète un ancien chanteur à la retraite et en dépression. Pas Michel Delpech, mais pas loin…
Tu l’aimais bien, Delpech ?
Philippe – Oui. Mais pour l’écouter, il fallait que je me sente en forme, parce que je sentais la dépression suinter de partout.
Hibou, ce sera un film plutôt drôle ou plutôt dépressif, justement ? Ramzy – Je voulais faire une comédie bien marrante, mais finalement ça sera plutôt poético-absurde…
Eric – Présenté comme ça, moi, je vais pas le voir !
Si on vous dit qu’il y a de la poésie dans vos films, ça vous plaît pas trop ?
Eric – Moi, je prends ça comme une insulte.
Les éperviers qui, dans le dernier film, t’attrapent et te font voler, c’est poétique, non ?
Eric – Je ne pense pas. Pour moi, c’est burlesque.
Buster Keaton, c’est poétique ?
Eric – Un peu, parce que c’est vieux, muet, en noir et blanc, et accompagné au piano.
Ramzy – Je ne suis pas d’accord. Moi aussi, je trouve que quand tu t’envoles avec les éperviers, c’est poétique. Faut être plus tranquille avec ce mot.
Eric – Longtemps, Ramzy devait me cacher son côté “mec sensible à la poésie” parce que, d’une main de fer, je refusais le côté émouvant, plein de douceur, dans nos films. Du coup, le premier film que Ramzy réalise seul est plein d’émotion.
Ramzy – Enfin, “plein d’émotion”, faut pas exagérer… C’est pas Monsieur Papa de Kad Merad, non plus ! (rires)
Steak de Quentin Dupieux, qui ne faisait presque plus rire pour ne plus être qu’étrange, vous le voyez comme l’accomplissement de ce que vous cherchiez ou comme une rupture vers un deuxième temps de votre carrière ?
Eric – C’était une rupture nécessaire pour qu’éclose notre vraie comédie à nous. On s’est fourvoyés dans des choses qui ne nous ressemblaient plus. Mais on avait quand même en nous cet humour un peu particulier depuis le début. Après Steak, il se manifeste de façon plus visible.
Ramzy – Mais peut-être qu’on n’aurait pas fait Steak si avant il n’y avait pas eu Les Dalton (2004), où, là, on s’est dit plus jamais ça.
Avec Halal, police d’Etat, vous avez essayé de parler de l’immigration, des affrontements entre communautés. C’est une exception dans votre comique non sociologique ?
Ramzy – Moi je préfère faire Halal… qu’Indigènes.
C’est-à-dire ?
Ramzy – C’est pas clair ? Ce sont deux films qui parlent de l’immigration en France, du passé colonial. Mais l’un le fait avec deux abrutis dans une petite voiture rouge qui arrêtent des Français. Et l’autre le fait d’une manière, à mon avis, trop présentée. Genre “regardez ce que je vous montre”, avec solennité. Nous, pour parler d’une réalité, on passe par ailleurs.
Eric – C’est vrai qu’on s’est longtemps refusés à parler directement de notre rapport à l’immigration, de tenir un propos politique de façon littérale. Puis on a eu envie d’aller un peu plus loin. Mais on n’est effectivement pas allés jusqu’à Indigènes. Halal, police d’Etat, c’est notre max.
Mais je dois quand même ajouter que les attentats de l’an dernier m’ont vraiment beaucoup secoué. Jusqu’à remettre en question cette conception de l’artiste qui vit dans un espace séparé. Je me suis dit qu’il va falloir vraiment ouvrir notre gueule un jour nous aussi. Ce qui s’est passé en France, ce que ça génère ensuite dans la société, ça va ressortir d’une façon ou d’une autre. Mais plutôt dans mon travail que dans une interview.
Philippe, penses-tu aussi que les attentats de l’année passée vont trouver un écho dans ton travail ?
Philippe – J’ai l’impression que les attentats sont déjà inscrits dans ce film-là, qui parle quand même d’un acte terroriste. Sinon, je ne me vois pas du tout écrire une chanson sur l’actualité. ça peut facilement être obscène. Il n’y a même pas besoin d’y penser. Le monde dans lequel on vit, la façon dont des événements comme celui-là le transforment s’infiltrent naturellement dans tout ce qu’on écrit.
Louis C.K., ça vous intéresse ?
Eric – Au début, j’avais un peu de mal avec Louie, presque physiquement. Je trouvais son personnage un peu antipathique, pas souriant, trop agressif et son humour trop adressé à l’homme blanc entre 30 et 50 ans. Mais j’ai vu un de ses spectacles et je l’ai trouvé dément. Sur scène, il est d’une liberté incroyable.
Vous, sur scène ou dans les films, vous n’êtes jamais agressifs…
Eric – Oui, mais t’inquiète pas, dans la vie, y a pas mal de mecs qui nous détestent.
Ramzy – Notre source, c’est l’enfance. On parle jamais vraiment de cul…
Le film comporte quand même des blagues sur l’homosexualité refoulée de votre personnage…
Ramzy – Oui mais des blagues de cours de récré. C’est pas L’Inconnu du lac, quand même…
Vous l’avez vu L’Inconnu du lac ?
Ramzy – Oui.
Vous en pensez quoi ?
Ramzy – (un long temps) J’ai dû arrêter le film, ça me faisait trop bander. (rires)
Judd Apatow, vous aimez ?
Eric – J’ai beaucoup aimé au début. On sentait un truc perso, sincère. J’ai l’impression que son cinéma est devenu ensuite très mécanique, avec beaucoup de blabla pour pas grand-chose.
Philippe – Ah, je ne suis pas du tout d’accord ! Son évolution me passionne. J’ai adoré 40 ans, toujours puceau, je l’ai vu cinq fois, j’ai dévoré les bonus. Ses films récents sont très beaux aussi. On a l’impression de le voir devenir adulte devant nous. C’est très fort. Et puis il a une façon assez unique de faire sentir une palpitation dans ce qui unit ou oppose les gens.
Will Ferrell ?
Ramzy – J’aime tout chez Will Ferrell. Il ne se regarde pas, il peut se ridiculiser sans jamais être freiné par du narcissisme, il se salit, il joue avec son ventre. Il ne fait pas partie de ces comiques qui maigrissent, se font blanchir les dents, ont envie d’être beaux eux aussi.
Philippe – J’adore Frangins malgré eux. Mais j’aime plus que tout Semi-pro. D’abord, c’est sur un milieu que j’ai pas mal pratiqué, le basket. Et le film est absolument parfait dans sa forme. Le récit avance avec des effets de symétrie sidérants.
Vous avez suivi la génération des youtubeurs ?
Ramzy – Oui. Mes enfants ne regardent plus la télé et restent dans leur chambre pour regarder des youtubeurs. Donc, je les connais un peu tous. J’aime bien les gars du Woop. Certains gamins sur YouTube bossent davantage que d’autres sur scène.
Eric – Je trouve Cyprien très drôle. Sur scène, j’aime beaucoup Bun Hay Mean, alias Chinois marrant. C’est très absurde.
Aux Etats-Unis, Tim et Eric, ça vous plaît ?
Eric – J’ai découvert grâce à Quentin Dupieux. J’aime bien mais parfois ils me perdent un peu. ça devient tellement abstrait qu’on ne rit plus du tout.
Philippe – Moi, je les trouve absolument géniaux. Je les ai découverts avec ma fille. Je ne comprends pas grand-chose mais j’accroche complètement. Ils étirent le temps, le transforment. C’est un humour encore inconnu qu’on a l’impression de défricher.
Tu regardes des séries, Philippe ?
Philippe – J’en ai vu une.
Eric – De toute ta vie ?
Philippe – Quasi. Mais j’y pense tout le temps. C’est A la Maison Blanche. C’est tellement beau ! ça peut servir pour toute une vie, c’est obsédant. Du coup, je me méfie, je ne veux pas devenir accro.
Et vous ?
Eric – On adore Gomorra, ça a mis une claque à la série de mafia américaine. ça réinvente le genre après Les Soprano.
Ramzy – Et puis Samy Naceri aussi.
Philippe – Samina…
Ramzy – Série ?
Philippe – Na ?
Ramzy – Série !
Eric – Arrêtez, tous les deux, vous êtes trop poétiques, j’en peux plus ! (rires)
La Tour 2 contrôle infernale d’Eric Judor, avec Ramzy Bedia, Eric Judor, Philippe Katerine, Marina Foïs (Bel., Fr., 2016, 1 h 28). En salle le 10 février
Le Film de Philippe Katerine, un album entre le cocasse et le coriace
Deux ans après un Magnum qui provoqua plus de gueules de bois que d’euphories amoureuses, Katerine revient ce printemps avec un album diamétralement différent. Intitulé Le Film, ce disque singulier est la bande très originale d’une errance à travers la France à laquelle le chanteur s’est astreint, au moment d’une crise d’angoisse liée en partie à la mort de son père. Les chansons Papa ou Les Objets sont les chapitres les plus poignants de ce récital perso improvisé au volant et dans les chambres d’hôtel, avant mise en forme piano/voix. Katerine n’en perd pas pour autant sa fantaisie, naviguant entre le cocasse et le coriace, avec une drôle d’histoire de hérisson en guise de fil rouge. Enregistré dans le studio de Julien Baer, qui assure les quelques rares instruments autres que le piano, joué par Katerine lui-même, ce Film low budget renvoie naturellement à ses premiers albums ou à L’Homme à trois mains, soit à la part plus sensible et vulnérable de son savoir-faire protéiforme. Dans la lignée, également, de ses épatantes émissions de radio récentes sur France Inter, Katerine rend ici hommage à la chanson faussement légère de ses ancêtres Charles Trenet ou Mireille. On raconte que l’écriture de l’album servit de palliatif à des pulsions meurtrières éprouvées par un Katerine déboussolé, ce qui ajoute un étage à son intrigante architecture. Christophe Conte
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Éric et Ramzy et Philippe Katerine : le nouveau troupleOn a mis Éric & Ramzy & Philippe Katerine dans un lit. L’interview complète à retrouver ici http://owl.li/XQhHX
Posté par Les Inrockuptibles sur mardi 2 février 2016
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