Le nouveau ministre de l’Immigration et de l’Identité national, l’ex-socialiste Eric Besson, s’est fait projeter Welcome de Phillipe Lioret (sortie le 11 mars), qui raconte les problèmes rencontrés par un jeune aidant un immigré clandestin kurde.
Alors qu’une petite vague de films sur l’immigration clandestine (14 km de l’Espagnol Gerardo Olivares, sorti le 25 février, ou Eden à l’Ouest, le dernier Costa-Gavras, le 11 février) semble venir déferler sur nos écrans, le quotidien Le Parisien rapportait dans un entrefilet de son édition du 1er mars dernier que « Le nouveau ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, l’ex-socialiste Eric Besson, s’est fait projeter en privé Welcome, le film de Philippe Lioret qui sortira le 11 mars dans les salles. Besson a beaucoup apprécié ce film où un Calaisien (joué par Vincent Lindon) connaît de gros problèmes avec la police et la justice pour avoir tenté d’aider un jeune immigrant clandestin kurde ».
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Dans Welcome, effectivement, un maître nageur (Lindon), après avoir en vain tenté de décourager un jeune Kurde qui espère traverser la manche à la nage, finit par l’héberger et l’entraîner gratuitement dans la piscine dont il a la garde. On ne sait trop exactement ce qu’Eric Besson – qui tente par ailleurs de remettre au goût du jour la pratique des tests ADN pour les étrangers candidats au rapprochement familial initiée par son prédécesseur Brice Hortefeux – a pu apprécier dans le film de Lioret, et l’on peut donc se perdre en diverses conjectures. Car Welcome montre effectivement comment la police de notre pays met la pression sur les citoyens français, leur « conseillant » fortement de ne pas accueillir d’étrangers sans-papiers sous leur toit, sous peine de sévères poursuites judiciaires.
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Qu’a donc pu apprécier le ministre dans cette dénonciation directe d’un état de fait assez peu de gauche ? Que le message soit bien passé ? Que le film soit une bonne leçon pour tous ceux qui souhaiteraient continuer à apporter de l’aide aux clandestins ? Le 18 mars se tiendra le procès de Jean Claude Lenoir, vice-président de Salam, association d’aide aux migrants à Calais. Il est accusé d’outrage à CRS après une opération de chasse aux migrants en hélicoptère en novembre dernier (pétition de soutien sur www.associationsalam.org). Déjà condamné pour outrage en 2005, il risque jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.
Que les Français, incarnés par l’un de leurs acteurs emblématiques, Vincent Lindon, soutien de François Bayrou lors de la dernière campagne présidentielle, sont de braves gens généreux mais que « la France ne peut accueillir toute la misère du monde » (Michel Rocard) ? Mais la réponse la plus simple et la plus probable devait tomber le lendemain. Sharif Hassanzade, jeune Afghan de 17 ans sans papiers, était devenu le 28 février le nouveau champion espoir de boxe française en catégorie super-légers. Et Le Monde dévoilait : « Alerté par le tapage médiatique autour de son histoire, le ministre de l’immigration et de l’identité nationale, Eric Besson, a annoncé lundi 2 mars la régularisation prochaine du jeune homme ». Voilà donc tout ce qu’aurait retenu Besson de la vision du film de Lioret : qu’il ne faut pas laisser partir les sportifs de haut niveau ?
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