Hip hip hip HHH ! Cette année à Belfort, au festival de Janine Bazin et Jean-Pierre Chevènement, on chantera au karaoké à la gloire de Aha, alias H cube, alias Hou Hsiao-hsien. En effet, avec cet art du pied de nez spécifique à Belfort, les organisateurs ont précisément choisi l’année de la rétrocession de Hong-Kong […]
Hip hip hip HHH ! Cette année à Belfort, au festival de Janine Bazin et Jean-Pierre Chevènement, on chantera au karaoké à la gloire de Aha, alias H cube, alias Hou Hsiao-hsien. En effet, avec cet art du pied de nez spécifique à Belfort, les organisateurs ont précisément choisi l’année de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine pour fêter le plus grand cinéaste taïwanais. Ironie ou souci d’établir des échelles de valeurs, peu importe : il faut marteler cette évidence que, sur le plan du cinéma, le versant chinois le plus ensoleillé s’appelle Formose. Tandis que le grand Edward Yang s’éclipse, que Tsai Ming-liang s’impose, que Lin Cheng-sheng apparaît (A Drifting life, Murmur of youth, l’année prochaine peut-être ?), Hou Hsiao-hsien, lui, perdure, à maintenant 50 ans, en chef de file et héros de la nouvelle vague taïwanaise.
Sa carrière connue commence en 83 avec Les Garçons de Feng-kuei à partir duquel il tourne quasiment un film par an et commence à recevoir des récompenses dans les festivals internationaux. Hou se révèle extrêmement sensible à l’histoire chaotique de Taïwan, aux forces du passé et à la parole des aînés. Adoptant assez vite un style particulier fait de plans-séquences et de structures narratives complexes, mêlant compositions savantes et art de l’improvisation, il filme d’assez loin les cérémonies traditionnelles, les rites, bref tout ce qui unit, mais aussi ce qui désunit, les conflits familiaux, les haines et les bagarres, créant ainsi un mixte étrange de sérénité et de violence. Certains films sont très théoriques comme Good men, good women (1995), proposant une construction à la Claude Simon, tandis que d’autres sont plus classiques, tel Un Eté chez grand-père (1984), très belle chronique des années d’enfance de sa scénariste attitrée, Chu Tien-wen. En complément de cette rétrospective sera diffusé HHH, le documentaire d’Olivier Assayas (dans la série Cinéma, de notre temps) sur le maître chinois. Ce film est remarquable parce qu’Assayas, l’un des premiers à avoir écrit sur Hou, y garde cette envie de tout savoir et cette distance cérémonieuse du fan transi qui fait les meilleures interviews. Hou Hsiao-hsien nous apparaît d’un tempérament nerveux et puissant, gesticulant beaucoup et parlant d’abondance, et emmène tout son petit monde dans une cavale qui va de Taipei aux lieux de sa jeunesse, du salon de thé où il écrit ses films au karaoké où il prouve qu’il aurait en effet pu être chanteur professionnel. Assayas rencontre d’autres personnes en contrepoint, qui apportent un angle technique, historique ou émotif sur ces quinze dernières années de travail. Dans ce film très complet, Hou parle de Pasolini, de sa jeunesse bagarreuse, de l’essence de son style, de sa famille, et on reste, strictement, émerveillé.
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