Wong Kar-wai a souvent placé sa ville, Hong-Kong, au coeur de son cinéma. Même quand il tourne le superbe « Happy together » en Argentine, c’est le manque de Hong-Kong et la mélancolie de l’exil qui finissent par manger le film de l’intérieur. Il fallait donc rencontrer ce cinéaste des grandes solitudes urbaines chez lui, sur son terrain, le terreau de ses films.
Wong Kong Garden
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Rien n’a changé. Pour le regard, certes superficiel, du visiteur qui revient à Hong-Kong près de cinq mois après la fameuse rétrocession, la grouillante cité d’affaires semble être restée la même qu’avant son retour juridique à la Chine. On se doutait que Zhang Yemin n’allait pas faire la révolution culturelle en quelques semaines et ne remplacerait pas toutes les Mercedes de la ville par des pousse-pousse en un coup de baguette magique mais ferme. N’empêche qu’on a du mal à croire que Hong-Kong soit bel et bien en Chine populaire : le dollar hong-kongais demeure, ainsi que les embouteillages dantesques ou la densité infernale du commerce-roi ou la presse anglophone. Dans le South China Morning Post du jour, on publie d’ailleurs le compte rendu d’un colloque sur la liberté de la presse à Hong-Kong et Taïwan, liberté considérée comme « garante de la bonne marche économique des affaires et donc des intérêts de la Chine ». Hong-Kong bénéficie du statut de Région Administrative Spéciale et les autorités chinoises ont maintenu une frontière effective pour empêcher l’afflux incontrôlé de Chinois de l’intérieur tentés par le miracle économique capitaliste.
Jusqu’à nouvel ordre, Hong-Kong reste donc Hong-Kong et Wong Kar-wai confirme, à quelques nuances près : « Depuis la rétrocession, il n’y a pas eu de changements brutaux à Hong-Kong et on se doute qu’il n’y en aura pas de sitôt. Mais si les changements ne sont pas drastiques, ils existent néanmoins et sont plus subtils. En fait, ils ont débuté en 84, quand la Chine et l’Angleterre se sont mis officiellement d’accord sur la rétrocession. C’est cette année-là que les Hong-Kongais se sont mis à déménager dans d’autres villes, que d’autres sont revenus de l’étranger, etc. En ce qui concerne le cinéma, la Chine va devenir un gros marché pour Hong-Kong. J’essaie de faire mon prochain film à Pékin, mais la censure est présente : je ne peux pas utiliser le nom de Pékin dans le titre du film, je ne peux pas tourner à Tienanmen… On veut en savoir plus sur le système, on veut savoir où se situe la limite des libertés. Pour l’instant, cette limite est floue. Il faut deviner ce qu’on a le droit de faire ou de ne pas faire. Par contre, tant qu’on tourne à Hong-Kong, on fait ce qu’on veut. Je n’ai rencontré aucun problème pour Happy together sauf que le film n’est pas distribué en Chine hors Hong-Kong. Pour l’instant, c’est comme avant, Hong-Kong et la Chine sont deux marchés de cinéma différents. Je crois qu’Hong-Kong va changer et aller vers le modèle chinois, mais très lentement. Les gens, qu’ils soient cinéastes ou autre chose, s’autocensurent, ils la jouent discret, ils ne veulent pas commettre d’impair. Tout le monde devient très prudent, hésite à prendre des risques. Enfin, so far so good, pour l’instant, rien n’a fondamentalement changé. »
Les bureaux de Wong Kar-wai se trouvent sur Grampian Road, petite rue « calme » et résidentielle de Kowloon City, quartier de Kowloon sis à la lisière de l’aéroport de Kai Tak. La tranquillité de l’endroit et de notre conversation est rythmée par le boucan des jumbo-jets qui atterrissent au-dessus de nos têtes toutes les trois minutes. Cette proximité aérienne ne semble pas seulement fortuite. On se souvient de toute la séquence de Chungking express sur les avions de ligne, alors que les personnages du même film étaient rongés par la tentation de l’ailleurs, par des rêves indécis de départ. La société du cinéaste s’appelle Jet Tone et son dernier film, Happy together, est une oeuvre d’exil rongée par le mal inverse de Chungking express, celui de la nostalgie du pays.
Dans les films de Wong Kar-wai, le bonheur ne coïncide jamais avec l’être là : il est toujours fuyant, insaisissable, dans l’avant, l’après, ou très loin du lieu où l’on est. Ainsi, il n’est pas interdit de penser que le raffut régulier des Boeing structure les rêves de Wong Kar-wai, infuse le mal existentiel de ses films ; voilà un cinéaste toujours sur la brèche, toujours en mouvement, en situation de chaos, d’instabilité, pris dans le vertige de la vitesse du monde. « Après Les Anges déchus, les gens n’arrêtaient pas de me demander si j’allais faire un film sur 1997, sur la rétrocession. Cette question commençait à me barber sérieusement. Il était impossible de savoir ce qui allait se passer même aujourd’hui, je serais incapable de vous dire ce que sera le futur de Hong-Kong. Je me suis dit alors que je devais faire un film en dehors de Hong-Kong, comme ça je ne serais pas obligé de traiter ce sujet (rires)… Happy together représente un fort désir de fuir Hong-Kong mais, en même temps, la fin du film montre le mal du pays et le retour à Hong-Kong. Avec Happy together, je n’ai pas de réponse sur le futur de Hong-Kong, mais je peux communiquer mes sentiments. J’ai tourné en Argentine parce que j’aime bien aller dans des endroits où je n’ai encore jamais mis les pieds. Par ailleurs, je suis assez féru de littérature sud-américaine. Je me suis souvenu d’un titre de roman, The Buenos Aires affair, alors j’ai choisi l’Argentine. Et puis c’est de l’autre côté de la Terre, la région la plus éloignée de Hong-Kong. Le voyage est d’ailleurs très pénible. Ça prend cinq minutes pour aller de mon bureau à l’aéroport mais après, c’est trente-deux heures jusqu’à Buenos Aires ! »
Les bureaux de Wong Kar-wai consistent en deux petits appartements, l’un où se trouve son matériel de postproduction, l’autre pour l’administration. Là, dans quatre pièces exiguës s’affairent tranquillement trois jeunes filles au milieu des dossiers, des fax et des boîtes de pellicule. Dans la pièce du cinéaste, on trouve un bureau, un fauteuil devant un grand poster de l’affiche française des Cendres du temps, un ordinateur, trois magnétoscopes, une pile de cassettes vidéo, des bouquins (essentiellement de photographie), une mini-chaîne et quelques disques le OK computer de Radiohead était chargé dans la platine à ce moment-là.
Le calme et la simplicité du QG de Wong Kar-wai contraste avec son activité frénétique, lui qui semble sortir un film par an, sans compter les clips et pubs qu’il tourne pour le marché asiatique. On se demande quand il cogite ses films, comment il les prépare, où naît le vrai désir de ses projets. « Normalement, quand je tourne à Hong-Kong, je n’ai au départ qu’un simple synopsis, quelques idées de base, parce que je connais parfaitement cette ville. Commencer à tourner avec juste quelques lignes écrites ne me pose aucun problème, je suis très à l’aise avec cette méthode. Mais faire un film dans une ville qui m’est inconnue est une autre paire de manches. Là, j’ai essayé d’être bien préparé et de me présenter avec un scénario solide. Mais certains problèmes liés aux syndicats ont surgi à Buenos Aires, il y a eu des grèves… Nous avons passé quatre semaines au chômage technique à ronger notre frein. Nous perdions du temps, de l’argent, et j’ai été contraint de modifier mon histoire de départ. Je me suis retrouvé à improviser et à travailler finalement de la même façon qu’à Hong-Kong. C’est un peu le principe du road-movie : nous avons un point de départ, mais nous ne connaissons pas la suite et le point d’arrivée. J’écrivais chaque jour le scénario, au fur et à mesure du tournage. » Il y a donc une histoire originelle de Happy together, histoire qui ne sera peut-être jamais tournée et ira rejoindre le second volet de Nos années sauvages ou la « vraie version » des Cendres du temps dans les archives de Wong Kar-wai, cinéaste de l’incomplétude et des projets inachevés ou détournés en cours de route, comme des avions. « Dans mon histoire d’origine, le personnage joué par Tony Leung est le fils de l’amant du personnage joué par Leslie Cheung. Tony est policier à Hong-Kong et apprend que son père a été assassiné à Buenos Aires. Il part là-bas, rencontre l’amant de son père, Leslie, commence une enquête, etc. C’était une histoire policière à la Hitchcock, mais avec les retards, impossible de la tourner. J’ai donc tout simplifié : c’est devenu cette histoire de deux personnes qui recommencent leur vie à Buenos Aires. »
Wong Kar-wai nous entraîne en bas pour manger un flan au tofu et nous montrer Kowloon City, où il avoue passer l’essentiel de son temps. En sortant, on demande au cinéaste pourquoi une grille fermée à clé dédouble sa porte, détail étrange alors que des gens sont à l’intérieur. Wong explique qu’au départ, c’était par protection, puis ensuite pour faire comme tout le monde en effet, ces grillages renforcent toutes les portes palières. En fait, pour des motifs semble-t-il fiscaux, Wong Kar-wai préfère que ses bureaux ressemblent à un appartement comme les autres. Dans Fuk Lo Tsun Street, nous allons chez Tong Wau, commerce de tofu enregistré ici depuis 1909. Salé en fromage ou sucré en flan, le tofu nous paraît toujours aussi fade mais Wong Kar-wai le déguste goulûment. Le vieux taulier nous invite dans les coulisses pour admirer les presses à soja et apprendre la fabrication du tofu c’est simple : on pile des graines de soja pour obtenir un liquide, on chauffe, on refroidit et on découpe en cubes. Cet endroit familier du cinéaste est surtout représentatif des milliers de bouis-bouis qui parsèment les rues de Hong-Kong et dont on ne connaît pas l’équivalent dans nos villes françaises. Souvent réduits à un simple trou dans un mur, toujours ouverts sur la rue (parfois, la tambouille et la vaisselle se font à même le trottoir), chichement décorés (carreaux de cuisine, néons de cuisine, tables et tabourets de cuisine, le formica et la faïence blanche règnent), ni fast-foods, ni coffee-shops, ni cafés, ces estaminets sont calqués sur le rythme de Hong-Kong : on s’y arrête dix minutes, juste pour se remplir le ventre vite fait, en tofu, soupe de nouilles ou fruits de mer, selon la spécialité de l’endroit. Une fois repu, le Hong-Kongais peut retourner à ses affaires pressantes, sans avoir trop perdu de temps.
On passe de Kowloon City au quartier de Tsim Sha Tsui, le coeur de Kowloon. Sis à la pointe sud de la péninsule, en face de la baie et de l’île de Hong-Kong, Tsim Sha Tsui est tout à la fois quartier d’affaires (mais quel endroit de cette ville n’est pas un quartier d’affaires ?), centre du tourisme et du shopping (mais quel endroit de cette ville…) et quartier populaire comme si Belleville, les Champs-Elysées et l’Opéra coexistaient dans les mêmes pâtés de maisons. A Tsim Sha Tsui, les palaces luxueux côtoient les HLM en ruine, les magasins de grandes marques voisinent avec des échoppes nichées dans les interstices des immeubles, les effluves de parfums se mêlent aux odeurs d’égouts, le xixème siècle et sa pauvreté cohabitent avec le xxième siècle et sa vitesse dans une mêlée aussi indescriptible qu’inextricable.
Tsim Sha Tsui est le quartier d’enfance de Wong Kar-wai, il en connaît tous les recoins agglutinés autour de cette colonne vertébrale qu’est Nathan Road, artère grouillante d’activité 24 heures sur 24 sauf que les gouapes de la nuit ne constituent pas la même foule que les employés de la journée, nous indique malicieusement le cinéaste. Si Wong Kar-wai ne revient plus très souvent dans cette partie de la ville où il a grandi, il y a quand même tourné Chungking express, en hommage « à la beauté de la Chungking House, un bâtiment que personne n’avait filmé auparavant ». Quand Wong parle de « beauté », ne pas s’attendre aux ornements d’un temple bouddhiste, aux splendeurs de l’architecture chinoise ancestrale.
La Chungking House est une énorme bâtisse en béton, vraisemblablement érigée dans les années 50, abritant un centre commercial en son rez-de-chaussée (centre commercial : comprendre puces de Clignancourt ou étals de Barbès), divers petits business et chambres d’hôtes bon marché dans sa vingtaine d’étages. Aujourd’hui, comme la majorité des bâtiments de Kowloon, la Chungking House est noire de crasse et de poussière, sa peinture complètement écaillée. On monte à pied au cinquième étage où Wong Kar-wai connaît un excellent restaurant indien que seuls les initiés peuvent connaître : en effet, pour y accéder, il faut emprunter une ruelle sombre sur le côté de la Chungking, prendre une entrée parallèle, monter des escaliers jonchés de détritus et suintant la vieille pisse, enjamber les clodos qui ont élu domicile sur les paliers… Arrivé au cinquième, on lit une affichette enjoignant les locataires de la Chungking à garder la maison propre ! Plus loin, une autre affichette interdit formellement de laisser ses poubelles sur le palier ; sous l’affichette, vingt sacs-poubelles éventrés se répandent. Finalement, on trouve la porte du resto : c’est l’un des meilleurs indiens de la ville et il est plein tous les soirs. On n’a pas visité tout le dédale de la Chungking House, on n’a pas vu les logements dévolus aux Indiens et aux Africains de Hong-Kong. Mais pour ce qu’on en a découvert, la Chungking House est une cour des miracles de vingt étages, un immeuble/village perdu dans la ville, un gros paquebot rouillé échoué au milieu de Kowloon et bourré de passagers clandestins.
Trois rues plus loin, on va boire une Tsingtao pression au Wally Matt Bar, petite taverne sombre et enfumée où règne un beau juke-box : l’appareil filmé en gros plan dans Chungking express. Du California dream obsessionnel de Chungking express aux accents piazzolliens de Happy together en passant par les réminiscences de Xavier Cugat dans Nos années sauvages, on sait que la musique est un élément structurel important dans le cinéma de Wong Kar-wai : « En allant à Buenos Aires, nous avons fait escale à Amsterdam. Mon directeur de production a acheté là des disques d’Astor Piazzolla. Pour moi, ça a fait tilt. C’est une musique magnifique, elle est le pouls de mon film. D’une certaine manière, je crois que la musique de Piazzolla a influencé ma façon de penser, ma façon de concevoir Happy together. On peut dire que la relation entre les deux personnages ressemble elle-même à un tango. Nous avons commencé Happy together au son de Piazzolla, qui est le son de Buenos Aires. Au bout d’un certain temps, le rythme de Buenos Aires était trop lent, l’équipe avait le mal du pays, on voulait terminer le film, on commençait à s’ennuyer ; il me fallait un coup d’énergie, quelque chose de destructif. J’ai marché dans la ville, acheté quelques CD… Un disque de Zappa m’a alors paru être la bonne musique pour ce moment du tournage et du film, il recelait une forme d’énergie qui me convenait à ce moment précis. Quand je commence un film, deux éléments sont fondamentaux pour moi : je dois sentir l’espace du film, et je dois en sentir le son. Quand j’ai défini un espace, des lieux, je sais ensuite quel genre de personnages évoluent là, quelles sont leurs motivations, ce qu’ils font. Ensuite, je dois connaître le son : si le lieu est un restaurant, je dois savoir si c’est calme, bruyant, si on entend de la musique sortir d’un juke-box, etc. Avant d’écrire et de tourner, je dois pouvoir visualiser et entendre les scènes. »
On finit la soirée dans l’île, au Petticott Lane, un bar fréquenté par des Américains et niché dans un recoin au milieu d’immeubles. L’île est la vitrine internationale de Hong-Kong, son image touristique. Autant Kowloon peut représenter le « vrai Hong-Kong », celui des Chinois et de la classe ouvrière, celui de la masse qui trime et en chie, autant l’île centrale symbolise le glamour et la réussite financière de la ville. Tous ses gratte-ciel ultramodernes se dressent avec leurs néons publicitaires en guise de couronne comme autant de totems dédiés aux divinités du capitalisme : Sharp, Toshiba, Philips… Autant Kowloon est crade, amoché, chinois et plein de vie, autant l’île est propre, nickel, internationale et un rien stérilisée. Le soir, dans certaines rues bordées de trattorias branchées et de cafés français, on n’y voit que des Occidentaux. A deux pas de Petticott Lane, ce bar de style néocolonial où furent tournées quelques scènes des Anges déchus, se trouve l’immeuble de Christopher Doyle, le chef-opérateur australien attitré de Wong Kar-wai. Doyle n’étant pas là, on ne peut visiter son appartement ce même appartement où les serviettes et savonnettes avaient une âme dans Chungking express. Sous les fenêtres de l’immeuble défile l’escalier roulant qui permet aux piétons d’escalader plus aisément certaines rues escarpées de l’île. On se souvient que dans Chungking, c’est par cet escalator que la jeune femme accédait à la fenêtre de l’appartement du jeune policier et pénétrait par effraction amoureuse dans son appartement. Cet endroit de Cochrane Street est, depuis, devenu un landmark pour les Japonais et les Coréens, un lieu de culte et de visite obligatoire pour les ressortissants de ces deux pays où Wong Kar-wai est devenu une star.
Le lendemain, on revient voir Wong Kar-wai dans ses bureaux de Kowloon City pour faire quelques photos diurnes. Après la session, on va prendre un café à la terrasse du coin et sous la mitraille des avions qui continuent d’atterrir, on papote de choses et d’autres. De la teneur homosexuelle de Happy together (« Il s’agissait avant tout de relations entre deux personnes. Le sexe des personnages n’a aucune incidence sur la manière de raconter une histoire ou sur la matière cinématographique »), des carrières américaines de John Woo et Tsui Hark (« Si Hollywood me laisse faire un film à ma manière, d’accord ; sinon, je préfère rester travailler à Hong-Kong »). Mais le sphinx aux éternelles lunettes noires s’anime vraiment quand on évoque son quartier : « Kowloon City est très spécial à Hong-Kong parce que la proximité de l’aéroport fait que ce quartier n’a pas changé depuis des décennies. A cause des avions, les immeubles sont d’une hauteur strictement limitée, il n’y a donc pas de nouveaux gratte-ciel, peu de mouvement économique ou social. C’était dans le temps un quartier très dangereux. Pour d’obscures raisons, il ne semblait contrôlé ni par le gouvernement anglais ni par les autorités chinoises. Il y avait là des boîtes à strip-tease, des fumeries d’opium, tout un tas d’activités plus ou moins illégales. C’est un quartier où sont concentrés les chu chow. Les chu chow sont des gens originaires des provinces cantonaises, durs au labeur, venant des sous-classes… Dans le passé, ils habitaient les zones portuaires, ils pouvaient facilement quitter la Chine et ces chu chow peuplent la plupart des chinatowns dans le monde. Grâce à cette mobilité et à ces réseaux, les chu chow sont devenus très puissants et très riches… Ce quartier est aussi à l’origine des triades hong-kongaises tout a commencé là au début du siècle. La triade la plus puissante aujourd’hui appartient à une famille chu chow. » Le cinéaste se sent à son aise dans cet environnement populaire et vaguement interlope, dans ces aisselles urbaines qui ne sentent pas forcément très bon mais qui recèlent une histoire, une vitalité et une énergie incomparables. Seul problème, l’identité du quartier est menacée à court terme : « L’année prochaine, il y aura un nouvel aéroport loin du centre-ville et il se pourrait que Kowloon City connaisse de gros changements. Les vieilles rues et les vieux commerces pourraient disparaître… Et si vous revenez me voir, vous n’entendrez plus le bruit des moteurs d’avion. «
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