Que pensez-vous de ce qui se passe aux Etats-Unis depuis les élections ?Que les démocrates aient gagné est porteur d’espoir, mais leur victoire n’a rien d’un coup de baguette magique, nous sommes si embourbés en Irak que la crise là-bas conditionne toute politique. Nous sortons d’années terribles, le monde est devenu un endroit très dangereux. […]
Que pensez-vous de ce qui se passe aux Etats-Unis depuis les élections ?
Que les démocrates aient gagné est porteur d’espoir, mais leur victoire n’a rien d’un coup de baguette magique, nous sommes si embourbés en Irak que la crise là-bas conditionne toute politique. Nous sortons d’années terribles, le monde est devenu un endroit très dangereux. Bien sûr, l’impérialisme américain n’est pas le seul coupable et la menace terroriste a beaucoup à voir avec la situation, mais je suis persuadé que nous avons tous notre part de responsabilité. Bush nous a plongés dans une situation horrible et nous a attiré, pour des raisons idéologiques, des problèmes que nous ne devrions pas avoir. Aujourd’hui, je ne peux qu’espérer un meilleur futur. Mais je me méfie de la propension naturelle des Américains à se tirer une balle dans le pied.
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Quel regard portez-vous sur les personnalités de Hollywood qui se sont dressées contre la politique de Bush ?
C’est bien de pouvoir exprimer son opinion, je le respecte. Beaucoup de choses stupides ont été dites, mais ça n’est pas bien grave. Je demeure spectateur, je n’ai jamais songé à m’impliquer ainsi. Je ne suis qu’un réalisateur d’horreur, tout le monde se fout de ce que je peux penser.
Pourtant cela fait trente ans que vos films commentent les travers de l’Amérique.
Je sais cela, mais ne le répétez à personne. Que cela reste secret… (rires).
Comment vous êtes-vous retrouvé embarqué dans le projet Masters of Horror ?
L’idée de la série a germé à l’occasion d’un dîner entre cinéastes. Divers projets nous ont été proposés. J’ai choisi Cigarette Burns, car cela m’intéressait de travailler sur un matériau si proche de celui de L’Antre de la folie. Je me suis beaucoup amusé. Au point d’ailleurs que j’ai travaillé avec les mêmes scénaristes sur Pro-Life, mon épisode pour la saison 2, un film de monstre. Cette fois, on a traîné le genre sur le terrain de la polémique du droit à l’avortement. L’idée de faire une série empreinte de politique était-elle formulée dès le départ ? Nous avions convenu de faire ce que l’on voulait, dès lors que cela s’inscrivait dans l’horreur et que l’on se satisfaisait de moyens restreints. Presque aucune censure ne pèse sur la télévision câblée. Homecoming de Joe Dante fait parler de lui parce qu’il est très explicitement critique à l’égard de Bush. C’est un cri dans la nuit. Et par ailleurs un excellent film, comme tout ce que fait Joe. Mais je ne me retrouve pas dans cette manière de réaliser un pamphlet évident, revendiqué comme tel. Certains passages de Cigarette Burns évoquent néanmoins clairement l’Irak et les kidnappés décapités là-bas. C’est juste, j’avais cela en tête. Mais je préfère exprimer les choses différemment, peut-être plus subtilement, même si au final cela passe inaperçu parce que les gens ne retiennent que les charges explicites.
Quel a été l’impact de la série aux USA ? La presse a-t-elle commenté le fait que la série était politique ?
Je n’ai pas vu la série à la télévision, je préfère regarder le basket-ball (rires). Quant à notre presse, elle n’a rien à voir avec la vôtre. Il est peu probable qu’elle ait saisi que derrière la série se cachaient des réalisateurs renommés et, de fait, elle ne s’est pas penchée dessus. D’autres sujets l’intéressent. Paris Hilton par exemple. Et je la comprends, qui ne s’intéresse pas à Paris Hilton ?
Quelle est votre position aujourd’hui à Hollywood ?
Je n’en ai aucune idée. Je me considère comme semi retraité. Aucun de mes projets récents n’a abouti. Au moins, à la télé, tout va plus vite. Dans l’idéal, je réactiverais mon vieux projet d’adapter une histoire de science-fiction des 50’s, The Stars My Destination d’Alfred Bester. Mais je crois que cela coûterait infiniment plus d’argent que ça en rapporterait. Sur ce, si vous n’avez plus de questions, je vais vous laisser, j’ai rendez-vous avec mon dealer.
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