Robert Pattinson tient le rôle masculin principal dans High Life de Claire Denis. Rencontre à l’hôtel Chateau Marmont avec un acteur cinéphile, brillant… et drôle.
Dans une serre luxuriante embrumée de vapeur, ou dans un complexe embranchement de couloirs en tôle décatie, l’homme aux cheveux ras, au regard dur, au corps affûté, avance avec l’assurance d’un fauve aux aguets. Il est parfois accompagné par une enfant de un an ou deux, qu’il porte blottie contre lui ou qu’il tient par la main pour la faire marcher avec le soin d’un grand mammifère reproduisant des gestes ancestraux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ce sont les premières séquences de High Life (lire la critique), la fable méditative qui se déroule dans l’espace de Claire Denis, et en bagnard mutique enfermé dans un vaisseau spatial, Robert Pattinson affirme une puissance physique, une présence, vraiment bluffantes. Six ans après la fin de la saga Twilight, qui en fit le jeune mâle sur lequel toute la planète a fantasmé, Pattinson continue à explorer les plans les plus audacieux du cinéma mondial, fût-ce au prix de sa valeur marchande de jeune premier hollywoodien.
Lorsqu’on le rencontre, sa crinière dissimulée sous une casquette vissée à l’envers, l’allure peu soignée, on se dit qu’il se donne un certain mal pour dissimuler cette beauté convulsive, qui ressurgit en un éclair dès que notre photographe l’enjoint à enlever sa casquette et à se placer dans la lumière.
Ce qu’il dégage dans la vie est néanmoins très éloigné de l’aura un peu ténébreuse déclinée aussi bien par Twilight que par les grands cinéastes qui ont suivi (Cronenberg, Safdie, Denis…). Le jeune homme, au contraire, est un peu clown, fait des blagues tout le temps et rit comme un enfant. Dans une suite du Chateau Marmont, dont il prétend “connaître toutes les chambres”, les deux heures en sa compagnie furent donc particulièrement joyeuses.
D’où vous vient cette curiosité pour le cinéma d’auteur international, qui vous fait voyager de Werner Herzog au Colombien Ciro Guerra (L’Etreinte du serpent) en passant par Claire Denis ?
En fait, je crois que ça vient de… Jean-Luc Godard ! C’est lui le responsable de tout (rires). Vous savez, je n’étais pas un adolescent spécialement cinéphile. Mais un jour, un peu par hasard, j’ai découvert A bout de souffle (1960). Et ça a été la source de tout : aussi bien de mon envie de devenir comédien que de ma façon de me comporter dans la vie.
Qu’avez-vous tant aimé dans A bout de souffle ?
D’abord Belmondo. Je crois qu’ado, je ne connaissais personne dans mon environnement que je pouvais considérer comme vraiment cool, à qui j’avais follement envie de ressembler. Et puis Belmondo dans A bout de souffle m’est apparu et il est devenu pour moi le symbole du cool. Comme beaucoup d’autres avant moi, je me suis dit : “Je veux être lui !”
A cause de son insolence ?
Oui. Ou plutôt à cause de cette incroyable assurance, qui lui permet d’être aussi léger, désinvolte. Mais Belmondo n’est pas la seule chose qui m’attache à A bout de souffle. Je ne m’en rendais pas complétement compte à l’époque, mais la magie du film tient aussi à sa mise en scène. Je n’avais jamais vu avant quelque chose d’aussi vivant et étonnant au cinéma. J’ai enchaîné sur Pierrot le fou (Godard, 1965), qui m’a fait le même effet. Et je suis devenu une sorte de nerd qui ne pensait plus qu’à regarder des films.
Vous connaissiez le cinéma de Claire Denis avant qu’elle ne vous propose High Life ?
Oui. Je l’ai découvert à l’âge de 24 ou 25 ans. J’ai regardé White Material à la télévision un matin, dans mon hôtel, lors d’un tournage en Louisiane, et ça m’a stupéfait. Le rythme, la façon de filmer les paysages, la performance d’Isabelle Huppert… Je ne savais pas qui était Claire Denis, j’ignorais si White Material était son premier film. J’ai appelé mon agent et lui ai dit : “Je veux tourner avec elle !” Il m’a quand même fallu trois ans pour réussir à la rencontrer ! Entre-temps, j’ai vu tous ses autres films.
Ça vous a servi pour High Life ?
Ah oui. Le scénario que nous a donné Claire ne faisait qu’une vingtaine de pages. Et ce n’était pas comme si l’histoire était hyper claire ! (rires) Ce n’est pas facile de définir de quoi ça parle. On avançait un peu à tâtons, comme dans une énigme. Donc oui, j’avais en tête les images de ses autres films, leur climat, sa manière très spéciale de filmer les corps. Je me suis focalisé sur la façon dont je pouvais appartenir à son monde.
Que vous a-t-elle dit sur votre personnage et la façon de l’incarner ?
Elle m’a dit que c’était un chevalier du Moyen Age. Que lorsque je me défaisais de ma combinaison spatiale, c’était comme si je me défaisais d’une armure. Ça m’a aidé. Elle me parlait aussi beaucoup de Ian Curtis, le chanteur de Joy Division, de sa façon de se tenir, de marcher. Par contre, beaucoup de choses sont restées nébuleuses sur l’histoire de ce gars, ce qu’il avait fait pour être emprisonné. Claire transmet plutôt des idées émotives que des informations.
Joy Division, ça compte pour vous ? Vous avez une culture rock ?
J’adore Joy Division, oui. Et j’aime énormément Control, le film d’Anton Corbijn sur Ian Curtis. C’est pour ça que j’ai tourné dans un autre film de Corbijn, Life (2015), où je jouais un photographe de presse qui fait un reportage sur James Dean.
Le plasticien Olafur Eliasson est associé au film. Qu’a-t-il fait exactement ?
Il n’est jamais venu sur le plateau. Je ne l’ai jamais rencontré. Il est toujours sur cinquante projets en même temps. Je crois qu’il a réfléchi en amont avec Claire sur la lumière du film, la représentation du trou noir… J’aime beaucoup son travail. Je me souviens de l’énorme soleil qu’il avait placé dans le hall de la Tate Modern à Londres quand j’avais 16 ou 17 ans. J’y étais allé plusieurs fois et comme tout le monde, je passais des heures à lézarder couché devant ce faux soleil.
Après Cosmopolis (Cronenberg, 2012), c’est la deuxième fois que vous tournez avec Juliette Binoche. Vous avez à nouveau des scènes de sexe assez rudes.
Juliette, c’est la meilleure. Elle est tellement drôle et tellement sauvage. Quand j’ai découvert le film et que j’ai vu ce qu’elle faisait dans la fuck room, j’ai juste fait : “Wow !” (il rit, comme s’il était sous le coup de la sidération). Elle n’a aucun complexe, elle peut tout faire avec la même intensité. Sur Cosmopolis, je dois bien dire que j’étais assez impatient d’arriver au jour de notre scène hot dans la voiture. Et je suis très fier d’avoir fait ça avec Juliette. C’est quelque chose que je pourrai montrer à mes enfants (rires).
Vous en avez ?
Oh non ! No way ! (rires)
Avant High Life, vous aviez déjà eu un projet avec un auteur majeur du cinéma français, Olivier Assayas. Que s’est-il passé ?
J’ai fait la connaissance d’Olivier à 23 ans, en plein Twilight. C’est un des premiers cinéastes un peu artistes que je rencontrais et qui s’intéressait à moi. On s’est vus de temps en temps. Et puis, quelques années plus tard, il m’a proposé Idol’s Eye, une histoire de cambrioleurs et de mafieux à Chicago à la fin des années 1970. Le scénario est magnifique. Il permettait d’imaginer un pur film noir, avec assez peu de scènes d’action, mais une grande stylisation un peu comme dans Le Solitaire de Michael Mann. Mais le film a eu beaucoup de soucis de production. Je devais l’interpréter avec Robert De Niro, puis Sylvester Stallone. Et finalement, à quelques semaines du tournage, tout a été annulé. C’était triste. Je reçois régulièrement un mail d’Olivier ou de son producteur m’informant que le projet pourrait être réactivé. On verra…
Luttez-vous toujours pour imposer à votre environnement hollywoodien, agents, publicistes, vos choix tournés principalement vers le cinéma indépendant pointu ?
Oh ! là, là ! ça fait longtemps que mon agent a cessé de me dicter ce que je devais faire (rires) ! Elle sait que je ne suis pas très porté sur les comédies romantiques. C’est devenu une blague entre nous pour caractériser le genre de personnage que je choisis d’incarner désormais : “John, 30 ans, psychopathe” (rires). Mais vous savez, même Twilight, en tout cas le premier, celui de Catherine Hardwicke, était un projet assez bizarre, un petit film de genre dont on ne soupçonnerait pas qu’il générerait autant d’argent.
Etes-vous satisfait de la place que vous occupez aujourd’hui sur la carte du cinéma mondial ?
Ouais, ça me ressemble. Tous les films dans lesquels j’ai tourné ces dernières années, il m’aurait été impossible de ne pas les faire. C’était vital pour moi. J’aimerais que cette position-là dure pour le reste de ma vie. La seule contrariété, c’est que trop peu de gens voient ces films.
Ça vous rend triste que The Lost City of Z de James Gray ou Good Time des frères Safdie aient fait si peu d’entrées sur le territoire américain ?
Oui, bien sûr, ça me désole. Je fréquente des gens à Los Angeles qui travaillent dans le cinéma et n’ont pas vu ces films. Parfois, j’ai l’impression que vraiment personne n’a vu Good Time, sauf mes amis… Et des critiques français, bien sûr (rires). L’autre jour, je regardais Killing Zoe sur une chaîne du câble. Ce film de Roger Avary, sur un scénario de Tarantino, avait été un vrai succès au box-office en 1994, dans la foulée de Pulp Fiction. Vu d’aujourd’hui, ça paraît hallucinant ! 60 % des dialogues sont en français sans sous-titres, l’intrigue est complètement farfelue, c’est hyper violent, totalement hystérique. Et à l’époque, il y avait encore un public assez large pour découvrir des choses aussi inhabituelles. Je crois néanmoins que les films ont désormais plusieurs vies, plus qu’avant en tout cas, grâce aux sites de streaming. Par exemple, récemment, j’ai rencontré un mec d’Amazon qui me disait que The Lost City of Z, qui a si peu marché en salles, fonctionnait très bien en SVOD.
Dans The Lost City of Z, vous vous aventurez sur un registre un peu plus comique. On vous a plutôt vu dans des emplois graves, des rôles torturés, alors que dans la vie, vous semblez avoir tout le temps envie de vous amuser.
Quand j’étais jeune, j’avais très envie qu’on me prenne au sérieux. Peut-être parce que j’ai débuté dans Harry Potter, puis enchaîné sur Twilight, je voulais qu’on voit en moi de la complexité ou de la profondeur. Mais évidemment, j’adore rire. J’aimerais tourner dans des comédies. Hélas, les scénarios de comédies que je reçois ne sont jamais très bons.
Qu’est-ce qui vous fait rire comme spectateur ?
Si vous saviez, je suis tellement un gamin ! Plus c’est régressif, puéril, plus je suis mort de rire. C’est très embarrassant, mais je dois vous dire que rien ne m’amuse plus qu’un animal faisant une grimace sur Instagram, et je peux taper dans un moteur de recherche “animals doing funny things” puis rire pendant des heures devant des chiens qui font des petites mines, des chats qui se cassent la gueule… J’ai 8 ans, en vrai.
https://youtu.be/DDXMJsRaCZk
Les Safdie, ça a été une rencontre marquante pour vous ?
J’avais vu leurs films précédents – The Pleasure of Being Robbed, Lenny and the Kid, Mad Love in New York. J’avais très envie en tout cas d’appartenir à leur univers. Ça a été vraiment cool de jouer dans Good Time un personnage méchant, violent, mais qui n’a aucune conscience de la gravité de ce qu’il fait. Je vois une certaine proximité entre les Safdie et Claire Denis, même si Good Time et High Life peuvent paraître très différents. Quand on tourne avec eux, on a le même sentiment d’être moins dans un film que dans un monde. Le monde intérieur de quelqu’un.
Vous avez déjà pensé à réaliser un film ?
Pensé, oui, mais je ne sais pas si je le ferai un jour. Je me sens dans une telle insécurité que si je jouais dans mon film, je passerais mon temps à demander à mes partenaires “Ça va ? Comment j’étais ?” et à m’excuser constamment (rires). Pourtant, très jeune, je me racontais que je cesserais d’être acteur pour devenir cinéaste quand je serais grand. Mais lorsque je vois Claire ou les Safdie, ce sont de telles dynamos ! Ils ont une telle énergie, ils doivent répondre à deux cents questions par jour à des gens qui leur demandent sans arrêt ce qu’ils préfèrent entre deux couleurs, deux lumières, deux décors, deux costumes… Je crois que très vite je dirais : “Mais je ne sais pas, je m’en fous, faites ce que vous voulez…” (rires)
L’un de vos proches amis est l’acteur Brady Corbet, qui est devenu cinéaste (il présentait au dernier festival de Venise Vox Lux, son second long métrage dans lequel Natalie Portman incarne une star de la pop – ndlr). C’est un modèle pour vous ?
J’ai rencontré Brady quand il avait 16 ans. J’en avais 18 et j’étais extrêmement impressionné par cet ado qui semblait posséder sur le bout des doigts un siècle d’histoire du cinéma. Il avait vu tout les films, avait des théories sur tout. Il savait déjà qu’il voulait être cinéaste. Mieux, il disait qu’il allait devenir un (il parle en français) “auteur” (rires). Son érudition extrême m’intimidait. A ses côtés, j’ai compris que mon travail consistait en priorité à regarder un maximum de films, et particulièrement des films internationaux. Vous savez, à Los Angeles, vous pouvez très facilement impressionner les gens par votre culture cinéphile.
Simplement en disant que vous aimez Jean-Luc Godard, par exemple ?
(rires) Mais tellement ! Tout le monde se dit : “Wow, ce type est un génie !” Quand je me suis installé à Los Angeles, je me rendais tous les week-ends dans un video store pour acheter des DVD Criterion. J’en regardais trois ou quatre par week-end. J’adorais rencontrer des gens qui, en observant ce que j’achetais, me conseillaient, m’orientaient vers des films inconnus. Rien n’est plus attirant que la capacité de l’autre à m’apprendre des choses, à me faire découvrir des trucs que je ne connaissais pas.
Le premier Twilight est sorti il y a tout juste dix ans. Vous sentez-vous loin du jeune acteur de 20 ans qui allait devenir une star avec ce film ? Quelles étaient ses attentes ?
Je suis exactement le même ! Je n’avais aucune idée de ce qui allait m’arriver, mais j’avais une sorte de foi en la chance. Le succès de Twilight m’a fait connaître quelques années assez euphoriques, où ma vie était une fête continuelle. Je continue à ne pas être inquiet pour la suite, à croire en la chance, ça maintient une sorte de santé psychologique.
Le fait de devenir l’obsession érotique quotidienne de centaine de millions de personnes n’est en aucune façon une expérience traumatisante ?
Il a été clair tout de suite pour moi que ça n’avait aucun rapport avec ma personne. C’est quelque chose qui s’est construit à côté de moi et finalement me concernait assez peu. Je me souviens d’un jour où je marchais dans la rue et une personne s’est jetée sur moi en me disant dans une sorte d’extase : “Mais tu es si beau !” Je suis resté très calme et je lui ai dit : “Tu n’es pas en train de parler de la personne en face de toi. Tu fais une projection. Ce sur quoi tu fais une fixation n’existe que sur un écran, ou dans ta tête, mais n’est pas là en face de toi.” Elle a été un peu saisie et m’a laissé partir (rires).
Ça n’a jamais été un fardeau ?
Mais non, pas trop. Parfois ça a été un peu lourd quand les gens m’attendaient devant chez moi, me traquaient quand je sortais… Et puis quelquefois, la promo était un peu pénible. Je me souviens avoir dit dans une interview que je ne me lavais pas les cheveux. Après ça, pendant au moins six ans, tous les journalistes me demandaient : “Alors comme ça, vous ne vous lavez pas les cheveux ?” Ça, ça me rendait un peu fou ! Je suis bien content de rencontrer des journalistes qui ne me parlent plus de mes cheveux. Enfin, on peut aussi en parler si vous voulez (rires).
Il y a un parallèle troublant entre votre carrière et celle de Kristen Stewart. Elle enchaîne aussi les films indépendants et arty. Elle a tourné avec Olivier Assayas juste avant que vous ayez failli le faire. C’est étrange que cette saga teen ait accouché des deux stars les plus cinéphiles d’Hollywood.
Kristen, c’est moi qui lui ai tout appris (rires). Non, je déconne. Elle faisait déjà des films hyper cool avant Twilight. Sa carrière était déjà plus accomplie que la mienne. Mais c’est vrai que nous avons un point de vue assez similaire sur le cinéma, et sur beaucoup d’autres choses d’ailleurs. Kristen est vraiment très intelligente, et elle a des goûts très sûrs. Si les cinéastes les plus intéressants du moment viennent vers elle, elle ne les rate pas.
Etes-vous sensible aux revendications de parité homme/femme qui se font entendre aujourd’hui très fortement dans le cinéma ?
Oui, bien sûr. J’ai tourné mon premier film parce que j’ai été choisi par une femme, la réalisatrice Mira Nair (Vanity Fair – La Foire aux vanités, 2004). Puis je suis devenu populaire grâce au film de Catherine Hardwicke (Twilight, 2008). Je viens de tourner un film avec Claire Denis. Et de façon plus large, mon environnement professionnel est féminin. Mon agent et ma publiciste sont des femmes. C’est vraiment la chose la plus naturelle du monde pour moi de travailler dans une relation d’égalité homme-femme. Mais je me souviens qu’à la conférence de presse de Toronto, un journaliste a posé à Claire une question qui commençait par : “En tant que cinéaste femme…” Et Claire l’a coupé en lui disant : “Ne me considérez pas comme une cinéaste femme, considérez-moi comme une cinéaste.” Dans l’idéal, le genre du réalisateur devrait être absolument indifférent.
Avez-vous le sentiment que l’industrie du cinéma est une industrie sexiste ?
Je suis peut-être complètement aveugle mais je n’ai pas été le témoin d’un sexisme spécifique à l’industrie du cinéma. Pas supérieur en tout cas à celui de l’ensemble de la société. J’ai parfois vu certains hommes être sexuellement agressifs avec des collaboratrices. Mais j’ai vu aussi ce genre de mecs obsédés par leur bite se faire remettre en place par des filles ou des mecs sur des tournages sur le mode : “Mais qu’est-ce qui ne va pas avec toi, mec ? T’es fou ?” Je ne pense pas qu’il y ait plus de gens détraqués, ou très cons, ou très violents dans l’industrie du cinéma que dans une autre industrie. Dans tous les milieux, il faut se battre contre ce type de dérèglements.
Vous regardez des séries ?
Oui, comme tout le monde. Mais pas de façon compulsive. J’aime beaucoup les séries documentaires. Je suis passionné par Making a Murderer, par exemple. Mais j’ai aussi regardé toutes les saisons à ce jour de Game of Thrones.
Quel est votre personnage préféré de Game of Thrones ?
Oups ! C’est là que je réalise que j’ai regardé ce truc pendant soixante-dix heures et que je ne vais pas être capable de sortir le nom de mon personnage préféré (rires). Euuuh… Hodor ! C’est Hodor, mon personnage préféré !
Vous sentez-vous américain aujourd’hui ? Ou un Anglais à Los Angeles ?
Je me sens assez américain, je dois dire. Même si je reste quand même un Anglais aux Etats-Unis. Mais c’est vrai que même si nous avons la même langue, ce sont deux identités, deux cultures vraiment distinctes, et je me sens flotter entre les deux.
Vous intéressez-vous à la vie politique américaine ? Les élections de mi-mandat en ce moment représentent-elles pour vous un enjeu important ?
Je ne vote pas aux Etats-Unis, mais oui, je suis ce qui se passe, bien sûr. Vous savez, j’ai été extrêmement marqué par le Brexit. Et par la violence et l’inanité du débat politique au moment de ce référendum en Angleterre. Chaque parti décrédibilisait les arguments de l’adversaire par l’insulte et le mensonge. C’était un climat très violent et ce n’était pas simple d’y voir clair. Aujourd’hui aussi, on se sent coupé de la vérité quand on regarde les chaînes d’information américaines. Des faits contradictoires sont relatés sur l’une et sur l’autre. De fait, le climat politique est très lourd ici. De façon générale, ici comme ailleurs, je me sens beaucoup plus proche des libéraux que des conservateurs.
Remerciements pour la traduction à Léora Rioubon et Quentin Billet-Garin
{"type":"Banniere-Basse"}