[Melvin Van Peebles est décédé ce 21 septembre 2021, il avait 89 ans. Nous vous proposons de redécouvrir cet entretien datant de 2009] Musicien et cinéaste passionnant, Melvin Van Peebles a inventé le modèle blaxploitation, et avec lui la possibilité pour les Afro-américains de jouer les héros. Obama peut lui dire merci. Entretien avec l’auteur du génial ”Sweet Sweetback’s Badasssss“.
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C’est un élan opportuniste qui a eu un effet très positif sur la représentation des Afro-américains à l’écran, non ?
Bien sûr, tout mal a son bon. Pour surfer sur le succès de Sweetback, ils ont entrepris d’en faire une formule reproductible mais délestée de revendications. Pour autant, même les films blaxploitation les plus aseptisés ont participé à une évolution importante.
Les choix formels et musicaux que vous avez opérés sur ce film en font vraiment un instantané assez vibrant de l’époque. Qu’est-ce qui vous avait par exemple décidé à faire appel à Earth, Wind & Fire pour la bande-originale ?
C’est moi qui ai fait toute la musique, eux travaillaient simplement pour moi. Ils faisaient ce que je leur disais. A l’époque, ils n’étaient personne : ils vivaient à quinze dans une chambre, ils n’avaient jamais fait de film, ni même un album. Ils voulaient bosser. Et puis le leader du groupe sortait avec ma secrétaire… De ce point de vue là aussi mon film était révolutionnaire. Tout le monde retient en général de Sweetback qu’il a imposé l’idée qu’un héros noir, c’est possible. Mais c’était aussi le premier film peut-être à utiliser sa musique pour se vendre, comme un vrai outil promotionnel. Maintenant, tout le monde fait ça.
Le passage dans les consciences américaines de cette idée qu’un héros de cinéma pouvait être incarné par un Noir n’a-t-elle pas été une étape dans l’évolution de ces mêmes consciences jusqu’à ce qu’elles puissent élire un président noir ?
Sans doute, il faut dire qu’il y a déjà eu bien des présidents noirs au cinéma et à la télévision… Pour le reste, je ne peux pas dire, ce n’est pas mon rayon. Sur le plan du commentaire socio-politique, je ne suis pas plus compétent et légitime que n’importe qui d’autre qui n’y connaît rien et que personne n’écoute. Ce qui veut dire que je suis susceptible de dire n’importe quoi, ce qui ne serait pas un problème, s’il n’y avait pas des gens comme vous pour me poser la question et retranscrire ensuite mes propos. Du coup, je ferme ma gueule ! (rires) Je suis très heureux pour Obama, j’ai même fait des tambours pour sa campagne, et sa promotion à la radio, mais je ne vais pas chercher à expliquer les choses. Moi ça m’emmerde, tous ces gens qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. C’est charmant à vous de demander, mais vous n’allez pas m’interroger sur l’évolution du PNB, aussi ? Mon rôle à moi c’est de ne pas tomber dans ce piège.
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