Après les migrant·es et les Roms, c’est à l’ado issue d’une famille mafieuse que l’Italien Jonas Carpignano donne un visage et un destin.
Les films de Jonas Carpignano sont géographiquement et intimement reliés à la petite commune italienne de Gioia Tauro en Calabre.
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Le cinéaste new-yorkais de 38 ans, d’origine italienne, y a tourné ses courts et ses longs métrages dont Mediterranea (2015) et A Ciambra (2017).
Aujourd’hui, avec A Chiara, il donne ainsi un troisième volet et un nouveau visage (acteur·trices non professionnel·les) à ce triptyque.
Bonheur documentaire
Après le récit d’un jeune immigré africain débarqué en Italie et confronté au racisme et celui de Pio, petit délinquant issu de la communauté rom de la ville, Jonas Carpignano braque sa caméra vers la mafia locale, qu’il nous est permis d’explorer par l’entremise de Chiara, forte tête de 16 ans, sourcil droit qui marque l’intransigeance du regard et fille de l’un de ses supposés puissants membres.
C’est par une très longue et très belle séquence de repas de famille, fastueuse et démesurée démonstration de convives et de mets, que s’ouvre A Chiara, manière de planter le décor mais surtout de portraiturer cette (véritable) famille joyeuse et de distiller déjà, dans ce bonheur documentaire qui s’écoule et vibre intensément, les indices d’une tragédie à venir.
Enquête nerveuse et tendue
C’est ici que le film bifurque, quitte son cadre de chronique familiale pour plonger dans le brouillard d’une nuit épaisse et d’un film noir, enquête nerveuse et tendue durant laquelle Chiara devra retrouver la trace du père.
Là, Carpignano procède à un démantèlement de l’imaginaire de la Mafia pour la ramener à une réalité sociale et souterraine (un aspect que le film, par endroits, surdose de symboles et signes évocateurs) qui n’est autre que celle d’un système capitaliste qui, comme les autres, a ses dominants et ses dominé·es.
Surtout, dans ce labyrinthe brumeux, A Chiara trouve une inspiration onirique, quasi fantastique, qui lui fait regarder la famille et l’adolescence comme des énigmes à déchiffrer.
A Chiara de Jonas Carpignano, avec Swamy Rotolo, Claudio Rotolo(It., 2021, 2 h 01). En salle le 13 avril.
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