Olivier Baroux signe un film indigeste qui mixe « Les Copains d’abord » et « Six personnages en quête d’auteur ». Et démontre que ce n’est pas avec les vieux potes qu’on fait les meilleures soupes.
Le sujet
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Trois couples sur un bateau : Auteuil-Doutey, Berléand-Breitman, Jugnot-Gélinas. Les six amis s’apprêtent à traverser la Méditerranée sur un beau voilier tout bien verni loué pour l’occasion par le plus verni et riche d’entre eux, Richard (les mots ont un sens), à une fratrie corse très caricaturale (Battistou et Cathalina). Mais un méchant grain va les amener à régler leurs vieux comptes.
Le souci
Nicolas Seydoux, président de Gaumont, déclarait récemment : “Les critiques français n’aiment pas la comédie.” Le frère de Jérôme Seydoux, coproducteur et distributeur d’Entre amis, se trompe. Les critiques français aiment les bonnes comédies (plutôt Samba qu’Intouchables). Mais peut-on considérer que les films de vieux potes qui polluent nos écrans (Le Cœur des hommes 49, Les Petits Mouchoirs, Nos femmes la semaine prochaine, toujours avec Auteuil) sont de bonnes comédies ? Non. Pas Entre amis en tout cas. Rien à reprocher aux “vedettes”, ni aux effets spéciaux. Mais les situations mille fois vues, les dialogues pourris, les gags pas drôles et souvent machistes s’amoncellent au-dessus du film comme un nuage mortel. L’arrivée de la tempête est l’aveu d’impuissance de scénaristes incapables de se sortir d’une situation impossible : faire rire avec rien. Que faire faire à six personnages en quête d’auteur, perdus sur une mer sans fin ? Il faut s’appeler Isabelle Giordano, et être l’ambassadrice du cinéma français (elle est présidente d’Unifrance), pour publier sous son nom des critiques de cinéma dans un journal (Femme actuelle) et affirmer sans rougir que “regarder ces couples au bord de la crise de nerfs est jouissif. D’autant que leurs petits travers nous parlent. On rit d’eux bien-sûr, mais aussi par ricochet de nous-mêmes.”
Le symptôme
La production pour la production. Faire des films pour faire des films. Utiliser des acteurs rentables en espérant que le public n’y verra que du feu. Et ça marche. Résultat : une absence d’éthique évidente. Aucun respect du travail bien fait, ni du spectateur. Les deux personnages secondaires du film sont vite évacués. L’un d’eux (Cathalina, jouée par Justine Bruneau de la Salle) sort même du film sans explication. Trou dans le scénario, la fille aux belles fesses (sa seule fonction) a disparu de cette galère (tant mieux pour elle). Avec un brin d’optimisme, on y verra un émouvant hommage d’Olivier Baroux à L’Avventura. Souvenez-vous : ça racontait l’histoire d’une jolie femme angoissée qui disparaissait dans les îles Eoliennes à l’occasion d’une balade en mer entre amis. Profitez donc de l’actuelle rétrospective Antonioni à la Cinémathèque pour y retourner (seul ou entre amis).
En chiffres
0
Kad Merad. Victime du mal de mer après avoir lu le scénario, il a dû décliner à regret la proposition de son compère et ami Olivier Baroux.
300
A la louche, le nombre de fois où le cinéma français a confié un rôle d’andouille veule à François Berléand. Il ne mériterait pas mieux, non ?
7
Le nombre de films réalisés par Olivier Baroux (Les Tuche, On a marché sur Bangkok, Mais qui a tué Pamela Rose ?, etc.) à ce jour. Lors de la septième édition des Gérard, en 2012, il avait par ailleurs été nommé pour le “Gérard du membre du duo qui l’a dans le cul”, mais honteusement oublié par le jury.
2
En millions d’entrées, le record au box-office de Baroux, en France, avec Safari.
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