Abraham (Segal, réalisateur) enquête donc sur Abraham (patriarche mythique, père des trois religions monothéistes). L’intelligence et la politesse premières de ce film sont de ne pas s’adresser aux seuls théologiens. Segal commence donc dans un contexte historico-géographique connu de tous : la fusillade du caveau des Patriarches d’Hébron en particulier, la question israélo-palestinienne à l’heure […]
Abraham (Segal, réalisateur) enquête donc sur Abraham (patriarche mythique, père des trois religions monothéistes). L’intelligence et la politesse premières de ce film sont de ne pas s’adresser aux seuls théologiens. Segal commence donc dans un contexte historico-géographique connu de tous : la fusillade du caveau des Patriarches d’Hébron en particulier, la question israélo-palestinienne à l’heure des Accords d’Oslo en général. De cet « ici et maintenant », Segal va ensuite patiemment remonter le temps, jusqu’à l’épisode biblique du (non-)sacrifice d’Isaac par son père Abraham l’enquête de Segal sera avant tout une quête des origines, un questionnement sur la figure du Père. Comme le montre la tripotée d’experts (philosophes, théologiens, psychiatres, historiens, leaders religieux…) interrogés au cours du film, ce mythe fondateur n’a cessé de questionner et de façonner l’histoire, les religions, la politique et la philosophie. Segal (et son alter ego Selim Nassib) chemine comme dans un mystère policier, traçant un ample mouvement entre passé et présent, mythologie et histoire, terres des Lieux saints et lieux du savoir, rues d’Hébron et bibliothèques de Paris, démêlant l’écheveau qui lie le premier Père et tous les fils qui ont suivi… Le film n’apporte aucune réponse définitive, bien au contraire : il ne cesse de s’interroger et d’interroger le spectateur, croyant ou non. Ainsi apprend-on qu’Abraham n’a peut-être jamais existé, que le caveau des Patriarches n’est peut-être pas le vrai, bref, que les mythes n’ont pas toujours de fondement historique scientifique. L’athée convaincu est renforcé dans son sentiment que la Bible n’est qu’un beau roman ; et il continue à ne vraiment pas comprendre pourquoi des générations d’hommes se sont entretués (et continuent) pour un tissu de fariboles. Hypothèse plausible : les religions ne seraient qu’un vaste écran de fumée, un outil politique de première force pour détourner l’attention des peuples et renforcer les pouvoirs en place (depuis, elles ont parfois été remplacées par les idéologies, le rock, le cinéma, la télévision…). Mais fable ou pas, l’athée lui-même ne peut nier la réalité de la foi et l’influence des mythes fondateurs sur l’histoire politique, philosophique, artistique de l’humanité en général (et sur le conflit israélo-arabe en particulier).
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