Plutôt douée pour la comédie, Tonie Marshall s’éparpille trop dans des intrigues secondaires. Le principal défaut de cette comédie sympathique mais ratée est sans doute que les éléments disparates de son scénario en kit ne fusionnent jamais tout à fait. Au départ, il y a l’idée de composer un récit polyphonique en mettant quatre personnages […]
Plutôt douée pour la comédie, Tonie Marshall s’éparpille trop dans des intrigues secondaires.
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Le principal défaut de cette comédie sympathique mais ratée est sans doute que les éléments disparates de son scénario en kit ne fusionnent jamais tout à fait. Au départ, il y a l’idée de composer un récit polyphonique en mettant quatre personnages principaux à égalité. Tonie Marshall imagine donc de relier entre elles des personnalités (et des physiques) très dissemblables par un artifice : François Cluzet, Anémone, Nathalie Baye et Molly Ringwald sont tous demi-frères et demi-sœurs. Encore faut-il trouver un prétexte pour faire exister ce groupe hétérogène. Idée : leur père commun (Jean Yanne), homme à femmes fâché avec la contraception, est jugé pour avoir transformé sa dernière compagne en chair à pâté. Les enfants feront donc tous connaissance au procès de papa… L’ennui, c’est que cette situation rocambolesque qui offre comme on s’en doute un potentiel élevé d’embrouilles propres à la comédie ne fonctionne pas aussi bien qu’on pouvait l’espérer. Pour tenter de souder un peu mieux ces éléments disparates car une fois le procès terminé, plus rien n’oblige réellement les personnages à continuer à se fréquenter , Tonie Marshall greffe une intrigue secondaire très vieillotte, à base de magot déposé par le pater assassin dans un coffre de banque. Mais cet argent, qui sert d’alibi aux visites des enfants à leur « salaud » de géniteur en prison et qui permet à Jean Yanne de faire son numéro de misanthrope à la Pialat, n’est qu’un gimmick périphérique même pas un Mac Guffin… Que de procédés pour faire exister un groupe ! Bien que Nathalie Baye fasse du Nathalie Baye (BCBG coincée) et Anémone du sur-Anémone (gouaille dévastatrice et franche vulgarité), seule la confrontation entre ces deux actrices (Baye est frigide, Anémone plutôt nympho) est l’occasion de scènes consistantes. C’est sur cette opposition que le film aurait dû se construire. Le reste Cluzet, Yanne, Ringwald, plus le subplot du magot ne fait qu’éparpiller le film. Pourquoi a-t-on fait du pauvre Cluzet un garagiste catholique et macho d’origine italienne ? Honteux de voir sa sœur Anémone exécuter un strip-tease dans une boîte, il embrasse ostensiblement une croix, mais quand sa sœur Molly Ringwald la remplace sur scène, il disjoncte tel le loup de Tex Avery et finit par la sauter. L’essence et la motivation des personnages n’ont qu’une fonction utilitaire. La religion, l’inceste sont des ingrédients aléatoires exclusivement destinés à alimenter une scène précise. Tonie Marshall devrait plutôt écrire ses comédies à partir de la réalité, au lieu de vouloir à tout prix la forcer dans un dispositif théorique ou une idée de casting préétablie.
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