Le quotidien de deux flics à Los Angeles vu à travers les images d’une caméra de poche. Détonant.
Nouvelle proposition de found footage – appellation un peu abusive donnée à cette vague de films composés de fausses images amateurs prises en caméra subjective : [REC], Redacted, Cloverfield, Project X, Chronicle… – et franche réussite, End of Watch prouve à nouveau que cette technique est bien plus qu’un gimmick artificiel.
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Après l’horreur, la guerre, la catastrophe, les teens ou les superhéros, le genre qui se voit ici avantageusement ripoliné est le polar, dans sa version “Los Angeles hard-boiled”. Soit deux cops du LAPD, petits soldats envoyés dans les bas-fonds de la mégalopole, pare-choc luisant, badges saillants, flingue à la ceinture et, c’est tout le concept, équipés de caméras de poche afin de réaliser un vague documentaire, dont on ne saisit pas bien la raison d’être.
Et sincèrement, peu importe.
End of Watch se soucie peu de la cohérence de son dispositif – angles impossibles, sautes de points de vue permanentes – mais cela n’empêche pas David Ayer, réalisateur de l’excellent Bad Times (2005) et scénariste des non moins brillants Training Day (2001) et Dark Blue (2003), d’en tirer la substantifique moelle : une très grande impression de réel et ses deux corollaires, abstraction et langueur.
Le film alterne ainsi entre de très belles scènes de badinage en voiture entre les deux buddies (impeccables Jake Gyllenhaal et Michael Peña) et des scènes d’action de plus en plus violentes (jusqu’à un climax étouffant), où les caméras au plus près des corps donnent à voir une ville à l’abandon, où chaque maison anodine peut cacher des cadavres en décomposition.
Si l’on peut regretter que le film adopte aussi unilatéralement le point de vue des flics et rate sa toute fin, End of Watch n’en demeure pas moins une des meilleures réponses, en la matière, du cinéma à la télévision, passée depuis longtemps maître dans l’art de sublimer les déboires de types badgés.
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