Une comédie indépendante qui entend dénoncer la famille. Mais la satire, convenue et superficielle, ne va pas bien loin. Attention, on risque de vous vendre ce film comme le “petit bijou indépendant US de l’année”, une réputation qui lui est tombée dessus à Cannes (Semaine de la critique) et qu’a entérinée le grand prix du […]
Une comédie indépendante qui entend dénoncer la famille. Mais la satire, convenue et superficielle, ne va pas bien loin.
Attention, on risque de vous vendre ce film comme le « petit bijou indépendant US de l’année », une réputation qui lui est tombée dessus à Cannes (Semaine de la critique) et qu’a entérinée le grand prix du Festival de Deauville. Restons calme. Eliza, petite bourgeoise standard de Long Island, tombe un jour de grand ménage sur une lettre très tendre qui pourrait être adressée à son Louis de mari. Eliza est bouleversée, ce qui se comprend, mais elle fait alors une grosse bêtise, qu’on comprend de moins en moins à mesure que le film avance : elle file chez ses parents. Des parents gratinés, en particulier une mère over-castratrice qui pourrait donner des leçons à Marthe Villalonga dans Un Eléphant, ça trompe énormément. Papa, Maman, Eliza, sa sœur et le mari de sa sœur s’entassent alors dans la « familiale » et hop, « en route vers Manhattan » où travaille Louis, histoire d’élucider le mystère. On imagine benoîtement que Greg Mottola va nous dire que la famille, c’est bien mais pas trop, que pour l’épanouissement personnel, mieux vaut prendre un peu de champ, etc. Et il nous le dit en effet (on pourrait dire qu’il le filme si sa mise en scène n’était aussi plan-plan). Assez clairement d’abord en chargeant à mort la mère (la satire anti-matriarcat reste la plus violente), en égratignant la mollesse du père, le cynisme de la sœur, la prétention du beauf… Et puis, à mesure que cette famille disparate trouve des indics susceptibles de la mettre sur la piste de Louis, on constate que Mottola est absolument incapable de manifester de la tendresse pour ses personnages. Chacune de ces rencontres est expédiée caricaturalement, jusqu’à la révélation finale, qu’on ne révélera pas, si ce n’est pour dire qu’elle est une pirouette en forme de pied de nez à la famille sclérosante. Il est juste agaçant qu’un film aussi convenu dans son anticonformisme et paresseux dans sa forme bénéficie de l’engouement un peu systématique pour les « indépendants ». Si on sourit de temps en temps, on est bien obligé de constater que Mottola n’a pas grand-chose de neuf à dire sur la famille, qu’il force le trait et surtout, qu’il est incapable d’aimer et partant, de faire aimer ses personnages. On a envie de l’engager à ouvrir grand les fenêtres de la « familiale » et de regarder autour de lui. Le road-movie que suggérait son titre français aurait pu l’amener à ouvrir ses personnages sur les autres, plutôt que les recroqueviller sur eux-mêmes.