Récupérés par le géant du straming, les deux dealers fêlés passent de la websérie au format long sans perdre leur énergie punk.
Websérie banlieusarde dont les sept épisodes – de sympathiques sketchs en surchauffe centrés sur deux dealers détraqués – connurent entre 2012 et 2015 leur petit succès, En passant pécho est ressuscité au format long métrage dans une improbable production Netflix.
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Le projet n’a pas tellement perdu de la fièvre punk qui faisait le charme de ses débuts semi-artisanaux, réussissant même un drôle d’équilibre : le film suit un cadre standard de stoner movie, avec pour trame générale une parodie convenue de Scarface (le duo met la main sur un gros chargement et entre dans les hautes sphères de la pègre), et adopte en même temps une énergie purement divagatoire, une espèce de sauvagerie éruptive qui conduit façon coq à l’âne un récit kamikaze, véritable cauchemar défoncé passant d’une situation ubuesque à une autre, porté par un chaos de cartoon.
Un morceau de “vraie” France
En ressort un freak show d’outre-périph à la langue bien pendue, fort d’un sens du verbe qui rappelle l’art du roast et du clash auquel Cokeman excelle particulièrement avec ses fulgurances dada (“toi et ta tête de strapontin”).
Mais ce qui marque, c’est surtout de constater à quel point cette mythologie de lascars et de ienclis, de jeunes actifs cocaïnés, de chômeurs au bord de la crise de nerfs et d’étudiants couleurs de douilles est un morceau de vraie France, branché au contemporain comme peu de films, ni dans le cinéma populaire, ni dans la comédie d’art et d’essai, ne s’y branchent actuellement, à part peut-être ceux de Franck Gastambide (Les Kaïra, 2012). Leur grand frère, assurément.
En passant pécho de Julien Royal, avec Hedi Bouchenafa, Nassim Lyes, Fred Testot (Fr., 2021, 1h39)
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