En se plongeant dans l’univers de la danse, le réalisateur filme une histoire de renaissance artistique dont la candeur confine souvent au ridicule.
On ne se départ jamais, au fil des deux heures que dure En corps, d’un petit doute quant au degré auquel le réalisateur de L’Auberge espagnole nous raconte cette histoire de danseuse étoile apprenant à se reconstruire après une blessure. Premier ou second ?
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C’est que le film, comme souvent chez Klapisch, est capable de s’amuser de lui-même : il vise parfois juste dans la satire, avec plusieurs trouvailles comiques de scènes (Pio Marmaï singeant un massacre en slow motion derrière une chorale religieuse, génial) ou de personnages (le kiné baba composé par François Civil).
Mascarade néo-baba
Mais En corps (rien que ce titre ?!) est plus souvent effarant de naïveté et de littéralité dans la façon dont il déroule son histoire de rebirth, s’autorisant des scènes si consternantes qu’on se retrouve à y chercher fébrilement des signes d’ironie.
C’est son héroïne encore boiteuse et maussade, à peine remise de son accident à l’Opéra, retrouvant miraculeusement le sourire en tombant sur une battle de hip-hop dans un centre culturel propret (Le Centquatre : ça, c’est de la street cred !). C’est une promenade sur les falaises normandes avec une troupe de danse contemporaine, et où soudain, le vent s’étant réveillé, tout le monde se met à courir, les bras en croix en poussant des cris d’extase, sur un morceau de The Blaze. Sérieusement ?
Klapisch semble osciller entre l’envie de ne pas prendre tout ça au sérieux et la tentation irrésistible de céder à la mascarade néo-baba dont son film aurait pu et dû se faire la tendre satire. Il y a dans son ravissement un peu largué devant les arts de la scène et la médecine douce quelque chose de l’ordre du gentil daron embourgeoisé photographiant béatement des graffitis avec son iPhone dernier cri : sans être antipathique, c’est tout de même un peu ridicule.
En corps de Cédric Klapisch, avec Marion Barbeau, François Civil, Pio Marmaï (Fr., 2022, 2h). En salle le 30 mars.
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