En attendant le Messie

La judéité argentine existe, nous l’avons rencontrée. Tel est à peu près l’unique atout de cet énième succédané de Short Cuts, comme il en pleut régulièrement. Ici on peut dire que tous les personnages sont ratés, creux, factices, y compris le héros, Ariel, jeune juif introverti « qui traverse une crise d’identité » (zzzzz ). Mais, d’un autre côté, en dehors du subplot entre un ex-banquier SDF et une dame-pipi, qui suinte le réalisme poétique, le film reste supportable et presque sympathique, à cause de son filmage, de sa teneur et de son ton documentaire. C’est d’ailleurs la grande spécificité du nouveau cinéma argentin, qui n’a pas encore trouvé ses maîtres, mais n’arrête pas de promettre.
Ici, le scénario, emberlificoté, n’est franchement pas possible, mais l’arrière-plan communautaire est plutôt bien campé. En particulier celui de la vie du quartier juif de Buenos Aires, et plus précisément ce qui tourne autour du petit restaurant tenu par Simon, le père du héros ? seul personnage attachant du film ?, qui eût aisément fourni un sujet (de fiction ou de documentaire) à lui tout seul. On regrette d’autant plus que le film se disperse autant, entre lesbianisme chicos, mise en abyme branchée de la vidéo (Ariel est monteur), histoires d’amour vaseuses, et folklore bidon de la zone. Tout cela témoigne chez le cinéaste, comme chez son personnage principal qui est son évident alter-ego, d’une indécision chronique, d’une absence de choix entre ses différents centres d’intérêt. Un manque de modestie dans sa démarche l’a incité à opter pour un film polyphonique, qui est sans doute le genre le plus casse-gueule qui soit car tous les segments doivent avoir la même force. Ce qui est loin d’être le cas ici.

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