La grande qualité d’Emporte-moi, qui se passe au Québec en 1963, est d’avoir su éviter le côté chromo artificiel de la reconstitution. Léa Pool fait transpirer les années 60 par des éléments de fond, comme l’identification fantasmée de la jeune héroïne de 13 ans, Hanna, avec la Anna Karina de Vivre sa vie de Godard, […]
La grande qualité d’Emporte-moi, qui se passe au Québec en 1963, est d’avoir su éviter le côté chromo artificiel de la reconstitution. Léa Pool fait transpirer les années 60 par des éléments de fond, comme l’identification fantasmée de la jeune héroïne de 13 ans, Hanna, avec la Anna Karina de Vivre sa vie de Godard, dont le corps et le visage la fascinent, au point de copier ses moindres moues, mouvements de la main et déhanchements. Cette fascination ricoche sur le visage de sa prof de français, interprétée par l’écrivain Nancy Huston, dont la ressemblance avec l’actrice la trouble plus encore. Entre ces deux miroirs de modèles féminins dans lesquels elle se mire à satiété, Hanna, dont le minois buté coiffé à la garçonne évoque celui de Natalie Wood dans Daisy Clover, se cherche et se perd, entre confusions et révolte, entre un père juif apatride écrivain raté et une mère catholique et dépressive qui lui fait défaut. Karine Vanasse porte le film avec un naturel énergique allant de l’enthousiasme au drame, et l’on se laisse emporter sans grande réticence par la caméra de Léa Pool.
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