Délicat et incroyablement juste, ce premier long saisit sur le vif la fin d’une adolescence percutée par le tragique.
Teen movie à fleur de peau, L’Été l’éternité dépeint avec splendeur et délicatesse le deuil de Lise, adolescente solaire qui, l’été de ses 18 ans, perd tragiquement sa meilleure amie, victime d’une noyade après une journée heureuse passée sur la plage avec leur bande. Incapable d’affronter cette épreuve, accablée par la tristesse, Lise fuit ses ami·es et son petit copain, et trouve refuge auprès de trois jeunes gens plus âgés qu’elle et qui occupent une sorte de squat d’artistes. L’une met en scène des pièces expérimentales et ses deux camarades, du genre désœuvrés, lui servent d’acteurs de fortune pour mener à bien un spectacle placé sous l’égide d’Antonin Artaud.
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Chacun·e va se confier à Lise, tenter de la tirer de son chagrin, lui faire part, souvent avec une économie de mots impressionnante, des trajectoires difficiles de leurs vies respectives, elles aussi heurtées par des accidents, des deuils et une tristesse infinie. Et puis la vie, irrépressible, chargée d’embruns et de mélancolie, continue de s’écouler sur cette côte méditerranéenne où l’été semble ne jamais finir.
Avec son visage profondément mélancolique, Agathe Talrich crève l’écran
Avec une incroyable justesse, Émilie Aussel saisit sur le vif les interrogations mutiques ou susurrées d’ados au carrefour de leur vie d’adulte – tiraillé·es entre leurs désirs de fuite et leurs besoins d’appartenance – et sculpte leurs émotions, tantôt retenues, tantôt prêtes à déborder, à travers des dialogues ciselés qui suggèrent plus qu’ils n’expliquent. Avec son visage profondément mélancolique, comme échappé d’un tableau de Botticelli, la jeune Agathe Talrich, dans le rôle de Lise, crève l’écran.
Porté par une mise en scène solaire et gracile, où l’on assiste à des fêtes enfiévrées comme à la lente disparition du soleil derrière une falaise, L’Été l’éternité chronique avec délicatesse la fin d’une adolescence qu’on voudrait croire éternelle, et pose sa réalisatrice (qui signe son premier long) en espoir sûr du jeune cinéma d’auteur français.
L’Été l’éternité d’Émilie Aussel, avec Agathe Talrich, Marcia Guedj-Feugeas, Idir Azougli (Fr., 2021, 1h15). En salle le 04 mai.
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