Après La Vie de Jésus, encore un titre qui n’a rien à voir avec la choucroute. Fans du King de Memphis, passez votre chemin… Elvis est ici le nom d’un ex-Yougoslave, un Serbe vraisemblablement, qui se réfugie dans un immeuble habité par des Bosniaques, non loin de Sarajevo, au moment du récent conflit. Enfin, c’est […]
Après La Vie de Jésus, encore un titre qui n’a rien à voir avec la choucroute. Fans du King de Memphis, passez votre chemin… Elvis est ici le nom d’un ex-Yougoslave, un Serbe vraisemblablement, qui se réfugie dans un immeuble habité par des Bosniaques, non loin de Sarajevo, au moment du récent conflit. Enfin, c’est ce qu’on suppose, puisque tous les repères sociaux et géographiques, en dehors de la langue commune, le serbo-croate, sont soigneusement gommés par les réalisateurs. C’est un peu dommage car cela contribue à faire de cet Elvis une allégorie presque trop exemplaire. Les cinéastes, qui ne sont pas des professionnels de la profession mais plutôt des journalistes, ont condensé l’ambiance de cette guerre démente dans une fiction tournée avec des bouts de ficelle, en pleine tourmente bosniaque. Ce qui aboutit à un scénario un peu simpliste : Elvis fuit le front et se réfugie dans un immeuble peuplé de va-t-en-guerre, où il est à peine toléré tant qu’on ignore qui il est, et tombe amoureux de Maya, jeune fille de cette communauté.
Si le récit nous laisse sur notre faim, la vérité des personnages avec leurs haines aveugles, l’authenticité de leur cadre de vie décors dévastés, stigmates d’une déliquescence morale balaient toute réserve. Les acteurs non professionnels du film, autrement plus troublants que les pantins grandiloquents de Kusturica, oublient souvent qu’ils jouent et revivent leur vie quotidienne pendant la guerre civile. Et ils en disent plus long par leur hargne, leurs gestes quotidiens, leurs vêtements, que tous les commentaires verbeux qui ont fleuri çà et là chez nos plumitifs germanopratins. Mieux qu’un reportage voyeuriste, cette fiction nous fait vivre de l’intérieur quelques instants de l’enfer d’une guerre. Vision intime d’un désastre toujours constaté de loin à la télévision ou dans quelques films de fiction plus policés. Loin des enjeux stratégiques, loin de la doxa ethnique ou religieuse qui n’est qu’un cache-misère fanfaron, on découvre une vie de banlieue apocalyptique, avec ses magouilles, ses problèmes d’approvisionnement, et surtout une violence tapie dans tous les actes, tous les mots, prête à dégénérer en tuerie, qu’on déguisera aussitôt en fait de guerre héroïque. Une oeuvre brute et impressionnante… par sa proximité.
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