Eli Roth, compère de Tarantino et réalisateur de films extrêmes (« Cabin Fever », « Hostel », « Knock Knock »), a été choisi pour mettre en scène le remake de « Un justicier dans la ville », classique du cinéma d’autodéfense des années soixante-dix.
Comme l’indique The Hollywood Reporter, ce néo-Vigilante (film d’auto-défense) aura pour vedette-titre Bruce Willis, emblématique action hero s’il en est. Au-delà du « marcel’ sanguinolent de John McLane (Die Hard), l’acteur incarne une forme de violence brut, indissociable d’une tonalité ouvertement désabusée qui lui sied impeccablement, mix hérité de la littérature de gare, ce que les anglo-saxons intitulent le « hard-boiled » (des caractéristiques remarquables dans Le dernier samaritain). De plus, Willis est capable d’attribuer à un personnage dramatique la gravité inhérente à son propre vieillissement en tant qu’acteur, comme le démontre Looper. Des qualités qui étaient déjà celles de l’iconique Charles Bronson dans le Justicier dans la Ville originel de Michael Winner, carton au box-office lors de sa sortie en salles en 1974.
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Eli Roth revisite le cinéma seventies
Le principe de Un justicier dans la ville (alias Death Wish) est simple comme l’est un pitch de western (imaginaire que l’Homme à l’Harmonica connaît bien) : un architecte, dont la femme a été assassiné par des voyous, souhaite se faire justice. Non content d’offrir à Jeff Goldblum l’un de ses premiers rôles, ce film noir prenait le pouls d’une Amérique meurtrie dont les tensions se voyaient cristallisées en un New York déliquescent. Vétéran de la Guerre de Corée et pacifiste invétéré, ce mari endeuillé, face à l’incapacité des forces de l’ordre, bafoue ses croyances idéologiques et privilégie la Loi du Talion, au sein d’une société post-Guerre du Vietnam. Figure de roc arpentant les rues avec une rudesse clint eastwoodienne (L’inspecteur Harry est sorti trois ans plus tôt), le personnage développé par Bronson perdra en intérêt au fil des sequels de la franchise, alors que l’agressivité mise en scène, de plus en plus disproportionnée, vrillera à l’exubérance comic-book (Un justicier à New-York).
Si c’est à l’origine Joe Carnahan (Narc, Mise à Prix, Le territoire des loups) qui devait s’occuper du projet, ses principales influences (French Connection, Serpico) correspondant à ce type de cinéma urbano-social et nerveux, le choix d’Eli Roth n’en est pas moins cohérent. Pour le réalisateur, il s’agit de la juste continuité d’une oeuvre référentielle. Ainsi l’un de ses derniers longs-métrages (directement sorti en vidéo chez nous), The Green Inferno, était une révision de tout un pan du cinéma bis des années soixante-dix, et plus précisément des films de cannibales de l’italien Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust, Le Dernier monde cannibale, Amazonia : la jungle blanche). C’est certainement la même liberté dans la représentation graphique des pulsions humaines que cherche à retrouver Eli Roth en s’attaquant à un classique polémique du cinéma américain, vénéré par les fanas d’armes à feu pour des raisons que précisément, l’oeuvre fustige.
Plus globalement, c’est la fascination d’Eli Roth pour la violence et les motivations qui en sont la matrice, des deux Hostel (parangons du torture-porn, forme radicale d’horreur gore) à son récent Knock Knock (Keanu Reeves devenu le jouet de deux sadiques teenagers) qui expliquerait son intérêt pour un tel remake. Un nouveau Justicier, qui, espérons-le, saura en actualisant son discours capter les déviances politico-morales d’une Amérique désormais « donald-trumpisée ».
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