Dans une énième déclinaison de son personnage de “trentenaire attachiante”, Nora Hamzawi peine à rendre cette Eléonore moins antipathique.
Derrière le mélange de mordant et de fragilité, derrière la charge critique des saines colères que Nora Hamzawi déploie sur scène et dans ses chroniques depuis bientôt dix ans, s’est toujours caché un stéréotype casse-gueule de trentenaire poly-soûlée (par son mec, par la société, plus bassement par “les tracas du quotidien”) dont on redoutait qu’elle se laisse un jour manger par lui.
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“Mes ami·es, mes amours, mes emmerdes”
C’est malheureusement ce qui semble se passer dans son premier rôle principal au cinéma, filmé par son frère Amro (scénariste à qui l’on doit notamment en 2013 le réussi 20 Ans d’écart, qui réalise ici son premier long). Un “mes ami·es, mes amours, mes emmerdes” où Hamzawi s’enlise dans les sables mouvants de la chronique d’attachiante citadine : boulot de stagiaire, couple en berne, sœur à qui tout réussit, mère tape-dur, “gaffes” téléphonées.
Au centre, on peine à trouver drôle ou ne serait-ce qu’agréable l’amertume très show-off de l’héroïne, mais on peine surtout à y croire, tant le film ne peut s’empêcher de rattraper ses tombereaux de faux cynisme par de vrais rêves de petite fille gâtée attendant le prince charmant. C’est d’ailleurs le principal problème : prise d’une même jouissance narcissique quand elle lève les yeux au ciel ou quand elle papillonne des cils, Eléonore ne souffre en fait de rien, même pas d’elle-même. Le film n’arrive jamais à nous convaincre du contraire et à nous la faire aimer.
Eléonore d’Amro Hamzawi avec Nora Hamzawi, André Marcon (Fr., 2020, 1h25)
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