Une fiction à forte teneur réaliste dans un bidonville de Buenos Aires.
On suit attentivement Pablo Trapero depuis Mondo grúa, on admire
ses histoires toujours ancrées dans une réalité sociale forte, on goûte son style efficace et physique, mais il lui manque toujours un “je ne sais quoi” pour passer du stade de bon cinéaste à celui de grand cinéaste.
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Elefante blanco confirme les données du dossier Trapero. Situé dans un bidonville de Buenos Aires, le film se focalise sur la construction interrompue d’un gigantesque hôpital, l’éléphant blanc du titre.
Tourné dans les lieux réels avec une flopée de figurants tout aussi réels, Elefante blanco revêt une saisissante dimension de reportage en immersion dans une réalité topographique et sociale dont nous soupçonnons l’existence mais que nous ne connaissons pas.
Sur ce terreau documentaire, Trapero dépose une fiction mettant aux prises deux prêtres engagés (les excellents Ricardo Darin et Jérémie Renier) et une séduisante travailleuse sociale (la toujours remarquable Martina Gusman, par ailleurs compagne du cinéaste).
À travers cette histoire et ce contexte, Trapero dévoile couche après couche le décourageant mille-feuille de forces et d’intérêts contradictoires entre populations, politiciens, milieux d’affaires, mafias, clergé, qui participe in fine d’une certaine impuissance politique et d’une permanence de l’injustice sociale.
Le pourrissement s’infiltre partout, jusque dans les zones les plus intimes. Ainsi, quand le prêtre Rénier couche avec l’assistante sociale Gusman, cette dimension romanesque est aussi le signe d’un doute généralisé qui ébranle toutes les convictions.
Très enraciné dans le contexte local argentin, Elefante blanco a bien sûr valeur universelle, les mêmes causes politiques et effets sociaux proliférant un peu partout sur la planète.
Alors, que manque-t-il, à ce très bon film, pour être immense ? Peut-être un peu de mystère. Elefante blanco est stylistiquement carré, politiquement nuancé, mais sans surprise.
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