Plongée haletante dans le milieu des syndicats estudiantins argentins.
Un jeune homme vélléitaire et tombeur, Roque, monté à Buenos Aires de sa province, s’engage en politique pour draguer Paula, une jolie militante. Il va y apprendre les stratégies plus ou moins licites utilisées par les adultes (les profs qui ont un passé gouvernemental) pour acquérir le pouvoir.
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Pour pasticher une célèbre formule de François Truffaut, on pourrait écrire que Santiago Mitre, dont El Estudiante est le prometteur premier long métrage, filme la politique comme un film d’espionnage, ce qui le rend passionnant.
Dans un Buenos Aires à la fois intemporel (on se demande souvent à quelle époque se déroule le film) et bien réel, filmé avec attention dans sa géographie et son architecture contemporaine, loin de tout folkore, tout semble se dérouler de nuit, comme pour montrer l’opacité des stratagèmes et des luttes de pouvoir entre les multiples factions qui s’opposent, s’allient, se trahissent.
Roque se déplace sans cesse dans un labyrinthe d’émotions (l’amour avec les jolies femmes, l’amitié entre hommes) et d’idées qui ne sont la plupart du temps que des trompe-l’œil, des chausse-trapes, des guets-apens posés pour le manipuler encore un peu plus.
Collée à lui, la caméra de Mitre décrit une Argentine intellectuelle (l’université, en l’occurrence) rongée par les magouilles politiciennes, la corruption et les ruses de renard – qui obligèrent le jeune cinéaste à tourner son film dans des conditions rudimentaires et discrètes.
Au-delà du simple constat sur l’Argentine, le film parvient aussi par moments, comme dans un livre de John le Carré, à donner une tournure presque métaphysique à ces jeux de rôles où l’on n’est jamais certain ni de ses propres sentiments ni évidemment de ceux des autres.
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