Un premier film féministe signé Elena López Riera, le second long métrage de Florian Zeller, et Isabelle Huppert en lanceuse d’alerte : découvrez sans attendre les sorties de la semaine.
El Agua d’Elena López Riera
Histoire de glace, image de feu. Les deux incarnées au plus haut par l’actrice Luna Pamies, Ana belle et rebelle, flottante et indécise, comme une citation sidérante de l’Ophélie de Rimbaud : “Voici plus de mille ans que la triste Ophélie/Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir./Voici plus de mille ans que sa douce folie/Murmure sa romance à la brise du soir.” Tout le reste du poème est la meilleure critique du film. La morale d’El Agua n’en est pas une, mais un programme politique énoncé par ce récit résolument féministe : “Qu’ils aillent tous se faire foutre !”
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Lire la critique de Gérard Lefort
Creed III de Michael B. Jordan
Jonathan Majors, promis justement à un très grand destin (on se demande depuis combien de temps on n’avait vu apparaître à Hollywood un charisme aussi soudain et éclatant – Adam Driver ?) en parallèle d’une position déjà actée d’antagoniste principal de la prochaine décennie Marvel (Kang, le “nouveau Thanos”), offre sa captivante moue d’animal blessé à ce beau personnage de prince déchu revenant des enfers, qui est indéniablement la force principale de ce troisième volet.
Lire la critique de Théo Ribeton
The Son de Florian Zeller
Luxe contemporain des décors, visages de stars tordus par l’émotion, velouté des violons, ralentis pontifiants : aux yeux d’un studio executive hollywoodien, ou d’une intelligence artificielle, le résultat a sans doute l’apparence parfaite du grand drame néoclassique qu’il prétend être. Il ne faut pas en gratter longtemps la surface pour constater à quel point l’enveloppe est creuse.
Lire la critique de Théo Ribeton
La Syndicaliste de Jean-Paul Salomé
Cette attention d’orfèvre portée à la reconstitution de l’affaire est la qualité de La Syndicaliste, qui lui donne cet allant de film d’enquête, disposant sous nos yeux sa matière riche et emberlificotée qu’il nous faut dénouer pour tenter de percer la vérité. C’est aussi ce qui pêche par endroits, tant le film s’évertue à se soumettre aux lois de la reconstitution et notamment celle d’un milieu (la politique), d’une classe sociale (la bourgeoisie, dont Maureen n’est pas issue mais avec laquelle elle doit collaborer), singée ici par des effets de réel trop caricaturaux.
Lire la critique de Marilou Duponchel
Goutte d’or de Clément Cogitore
Le quotidien falsificateur de Ramsès, tout autant escroc que magicien, est soudain frappé de deux révélations, l’une émanant du réel (le surgissement d’une bande de jeunes Marocains qui errent dans la rue) et l’autre du surnaturel (la vision d’un cadavre dans un chantier). Ce que comprendra Ramsès, c’est que s’il y a toujours une manifestation du réel qui nous échappe, ce qui compte alors plus que tout, c’est la croyance que l’on dépose sur ces signes. C’est ainsi tout autant le ciel que la terre que sacre merveilleusement le cinéma de Cogitore.
Lire la critique de Ludovic Béot
Empire of Light de Sam Mendes
C’est ce qui frappe d’abord devant Empire of Light, cet effet de lissage de l’image n’offrant qu’un simulacre de film singeant, à gros traits, un vintage éculé (moquette rouge à tous les étages), sans qu’aucune inspiration de mise en scène ne vienne tordre un peu la trop bonne tenue de ce tableau suranné. Seule la présence d’Olivia Colman, ici Hilary, responsable de ce cinéma implanté dans une ville balnéaire anglaise, avait de quoi aimanter notre regard. Inspirée, si l’on en croit les propos du principal intéressé, de la mère de Sam Mendes, atteinte de troubles mentaux, Hilary est une femme guérie qui attend que la vie passe et s’ennuie gentiment dans la monotonie d’une existence désormais plus calme mais sans aucun éclat.
Lire la critique de Marilou Duponchel
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