Un ouvrage désopilant répertorie des nanars et parodies de contrées exotiques qui exploitent jusqu’à plus soif et sans le moindre scrupule la renommée de certaines œuvres spectaculaires made in Hollywood : de “Tarzan” à “Harry Potter” en passant par “Jurassic Park”.
Depuis Ed Wood de Tim Burton, qui sacralisait la figure d’un cinéaste auteur de ce qu’on taxait alors comme le pire film du monde (Plan 9 from outer space), le nanar et la série Z ont le vent en poupe, ou du moins ont gagné une forme de respectabilité cinéphilique. D’ailleurs, on verra bientôt un film de et avec James Franco, The Disaster Artist, dans lequel il incarne Tommy Viseau, auteur et réalisateur d’un autre navet mythique The Room. Mais il y a mieux que tout cela, ou pire, selon les goûts : les innombrables sous-produits exotiques détournant des gros budgets hollywoodiens, et réalisés un peu n’importe comment dans des conditions économiques assez minimalistes : un Superman turc, un Star Wars brésilien ou un Harry Potter mexicain, sont notamment recensés dans le livre Nanar Wars (une anthologie du cinéma de contrefaçon) d’Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle, ainsi qu’une trentaine d’autres exemples. Les auteurs détaillent les récits sur un ton pince-sans-rire et second degré, non sans user de quelques références cinématographiques plus sérieuses quand le besoin s’en fait ressentir. Il va de soi que les œuvres choisies sont parmi les plus croustillantes de leur catégorie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
https://www.youtube.com/watch?v=rwwyZTK9TcE
Robocop contre les vampires
On peut ainsi lire à propos d’une œuvre philippine de 1965 :
“Pourquoi plagier une licence cinématographique quand on peut en plagier deux ? Tel est le raisonnement qu’a tenu Artemio Marquez avant de réaliser James Batman, long métrage qui réunit Robin et une sorte de James Bond dans de pétaradantes aventures tropicales placées sous le double signe de la Batmobile et de la vodka-martini”.
Evidemment, c’est une lecture avant tout humoristique et il n’est pas certain qu’on puisse supporter la vision intégrale de certaines de ces “bandes” tournées en dépit du bon sens dans des conditions rocambolesques avec des décors souvent innommables. Sans parler de scénarios incroyablement tirés par les cheveux comme Robovamp réalisé en 1988 à Hong-Kong par un certain Godfrey Ho, alias Joe Livingstone, qui ne se contente pas de détourner le Robocop de Paul Verhoeven, mais lui adjoint de maléfiques vampires chinois. Au delà de la rigolade, reconnaissons que le cinéma d’exploitation a parfois une certaine inventivité et n’hésite pas à franchir tous les canons de la rationalité. C’est déjà visible dans les nombreuses affiches et photos d’exploitation reproduites dans l’ouvrage, qui valent souvent le détour. Mais, les réalisateurs de ces produits insensés sont parfois de réels cinéphiles. Comme le réalisateur turc d’un film de super-héros tiré par les cheveux qui expliquait avoir appris son métier en revoyant dans cesse des films américains et français “crayon et bloc-notes à la main”. Les cancres sont souvent plus touchants que les bons élèves.
Nanar Wars de Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle. Ed. Wombat, 160 p., 19,90 €
{"type":"Banniere-Basse"}