Les amours platoniques d’un vieux libraire et d’une jeune femme. Aérien.
Voilà un film aussi frêle, modeste et gracieux qu’un oiseau. Déjà auteure de documentaires et de la fiction Belleville Tokyo, Elise Girard raconte ici l’histoire d’amour platonique entre une jeune femme et un homme vieillissant. Mavie erre dans Paris et trouve un job dans une librairie patinée dans son jus, tenue par un monsieur âgé, mystérieux, portant encore beau.
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Progressivement, Mavie découvre que Georges fut un militant engagé dans la lutte armée et s’attache de plus en plus à lui malgré leur quelque cinquante ans de différence. A travers cet amour purement mental se lit aussi la quête d’une génération vivant dans une époque politiquement ardue à décrypter par rapport aux combats plus lisibles et tranchants des anciens.
Une mise en scène flâneuse
Elise Girard habite ce scénario ténu avec une mise en scène buissonnière, flâneuse, respirant à amples bouffées, bien servie par la lumière splendide de Renato Berta et la musique jazzy de Bertrand Burgalat. Elle a cette intuition que le cinéma, ce n’est pas uniquement une affaire d’efficacité mais aussi de regard sur les êtres, les lieux et les temps faibles qui donnent du relief aux temps forts.
Drôles d’oiseaux est une lettre d’amour à Paris comme ville de vieilles pierres et de vieux livres, aux perdants magnifiques de l’histoire et aux acteurs. Lolita Chammah amène sa fraîcheur mélancolique face au charismatique Jean Sorel, comédien superbe et trop rare (Belle de jour, Les Sœurs Brontë…). Dans le tintamarre ininterrompu des sorties, il faut tendre une oreille attentive à la belle mélodie en sourdine chuchotée par Elise Girard et ses drôles d’oiseaux.
Drôles d’oiseaux d’Elise Girard (Fr., 2017, 1 h 10)
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