Inédit en France, le premier film officiel d’Abel Ferrara (il avait auparavant réalisé un porno, The 9 lives of a wet pussy) est un brouillon assez informe de son œuvre à venir, qui a cependant réussi à faire parler de lui grâce à des scènes gore assez répugnantes et un esthétisme crasseux. Un peintre new […]
Inédit en France, le premier film officiel d’Abel Ferrara (il avait auparavant réalisé un porno, The 9 lives of a wet pussy) est un brouillon assez informe de son œuvre à venir, qui a cependant réussi à faire parler de lui grâce à des scènes gore assez répugnantes et un esthétisme crasseux. Un peintre new yorkais, maudit et catholique (Ferrara, bien sûr) pète les plombs et hante les nuits de Manhattan armé d’une perceuse électrique avec laquelle il massacre des clochards endormis. L’argument est mince, et le film ne respecte aucune loi dramatique, proche en cela des documents underground de Morrissey & co. Malgré ses scories techniques, Driller Killer est souvent impressionnant, grâce à l’interprétation hallucinée de Ferrara et une façon déjà inspirée de filmer les rues new yorkaises et l’enfer de la nuit. Mais le film prend une autre dimension avec un bonus très spécial déjà proposé par le DVD américain et que l’édition française a eu l’excellente idée de conserver (merci Opening). Les commentaires audio des cinéastes se résument habituellement à des anecdotes de tournage, des indications techniques et pire encore, de la paraphrase paresseuse. Le commentaire de Ferrara, même sans sous-titre est une expérience hallucinante. Apparemment tout juste sorti de son sommeil quand le générique commence, Ferrara nous gratifie tout au long du film d’onomatopées, de cris et de plaisanteries, un peu comme si le Gainsbourg dernière période s’était amusé à refaire le doublage des Teletubbies, ou si Beavis et Butthead avaient soudain décidé de présenter le ciné-club à la place de Patrick Brion ou Frédéric Mitterrand. C’est tout simplement hilarant, et écouter Ferrara balancer des vannes sur sa dégaine de l’époque, gazouiller à chaque scène de nudité féminine (MAMA MIA !) ou hurler comme un fou avant chaque meurtre (TIME TO DIE !), transforme un film d’horreur lugubre en un grand moment de détente. Les borborygmes de Ferrara, souvent délirants, laissent même deviner un cinéaste plein d’humour et d’autodérision, peut-être plus très lucide mais bien plus humain et sympathique que sa réputation de sulfureuse canaille le laissait supposer.
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