Ce nouveau film du réalisateur norvégien ne nous réveille que par sursauts. Il déçoit malgré la prouesse de Nicolas Cage dans son rôle principal.
Dans la meilleure scène de Dream Scenario, Paul Matthews (un professeur de biologie évolutive merveilleusement interprété par Nicolas Cage) écoute les idées d’un jeune pubard (Michael Cera, comme toujours irrésistible) afin de monétiser son étrange habileté (que d’aucuns appelleraient un “talent en or massif”). Celle-ci consiste à hanter malgré lui les rêves de millions de gens, des gens qui pour la plupart ne l’ont jamais croisé, mais qui le voient, comme par magie, sitôt qu’ils tombent dans les bras de Morphée.
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Porté par son acteur
Il est simplement là, face aux dormeur·euses, ne faisant rien d’autre qu’acter de sa présence, devenant ainsi la personne la plus “intéressante” du monde, dixit Cera. Un homme sans qualités à qui son ubiquité onirique (que le film ne cherche heureusement pas à justifier) ouvre soudain toutes les portes. Cette scène, qui intervient environ à la moitié du film, est un bijou d’humour cringe, servi par un Cage des grands jours. Cage, cet acteur qui ne s’aimait pas et qui n’a cessé, depuis quarante ans, de projeter sa psyché hors de ce corps-prison, de mille et une façons, a donc ici trouvé un rôle idoine – une sorte d’aboutissement à son devenir-mème, mais par le haut.
Le problème est que l’auteur-réalisateur de ce film hyper hypé (et produit par A24), le jeune norvégien Kristoffer Borgli, n’a pas cru bon d’aller au-delà de cette excitante prémisse, c’est-à-dire d’écrire un scénario qui dépasse la promesse de son titre frimeur. Dès qu’il en a épuisé les potentialités comiques (à la Charlie Kaufman), il opère un virage vers une forme d’horreur soft (à la Ari Aster, justement crédité comme producteur) qui flope faute de mise en scène – les scènes de cauchemar ne provoquent qu’un haussement d’épaule — et d’imagination. La seconde moitié du film est aussi prévisible qu’un énième épisode fatigué de Black Mirror, faisant regretter que le cinéaste n’ait pas donné les clés de son soi-disant scénario de rêve à ce corps fascinant qu’est celui de l’homme-Cage.
Dream Scenario de Kristoffer Borgli, avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson et Michael Cera. En salles le 27 décembre 2023.
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