Où est Coppola quand il rate un film ?
Absent, indifférent au projet, il en profite pour explorer le cinéma de ses maîtres anciens. Dracula, vendu sur un mensonge – non, ce n’est pas la première adaptation fidèle à Bram Stoker, il y avait eu avant Les Nuits de Dracula de Jess Franco – reste un des plus mauvais Coppola. Raté, ça n’en est pas moins un film passionnant qui propose une histoire illustrée du cinéma, des origines à nos jours, et établit une curieuse analogie entre le vampirisme et la naissance d’un nouveau médium, le cinématographe. L’occasion pour Coppola de jouer au petit chimiste, au montreur d’ombres et au savant fou, en bricolant des trucages de fêtes foraine et des tours de passe-passe, pour nous rappeler que le cinéma en vient, justement, de la foire et de la magie. Et il devient ici plus évident que dans ses chefs-d’œuvre, où l’amalgame est réussi, que Coppola est un auteur caméléon, qui change de style et d’influence à chaque nouveau film, conçu comme un hommage à un maître du cinéma : Kurosawa (Le Parrain et ses suites), Antonioni (Conversation secrète), Welles (Apocalypse Now), Minnelli (Coup de cœur), Nicholas Ray (Outsiders et Rusty James), Preminger (L’Idéaliste). Coppola s’inspire pour Dracula d’un génie du cinéma expérimental, du mélodrame, du film de science-fiction, du film à costumes, bref tout ce que lui-même a voulu être : Abel Gance, cinéaste visionnaire, mégalomane, victime de sa démesure et brisé par le système, immense et incompris jusque dans ses films de commande. Cela ne vous rappelle personne ?
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