Un interminable édito politique, amphigourique et drôle malgré lui
Le sous-titre – “Chronique du sentiment politique” – de cette sorte de farce, pourtant bien sérieuse, prête à sourire. Car de l’hystérie des années Sarkozy, Doutes ne capte pas vraiment le rythme : il n’en est que le dépôt, un rebut verbeux. Beau parleur, paresseux, ce film d’appartement prend la forme d’un sidérant monologue à plusieurs, étalé sur cinq ans de coulisses socialistes (la réalisatrice fut conseillère en communication au PS). Structuré en vignettes disposées à intervalles réguliers le long du quinquennat, il propose un commentaire à quatre voix, capté dans les dîners partagés entre deux amis journalistes : un vrai, Christophe Barbier, et un faux, Benjamin Biolay, ainsi que leurs compagnes.
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La caméra y surjoue toute sa fausse légèreté (effets de fragilité bien propres: mouvements aléatoires, flous, inserts) comme pour tenter de rattraper la colossale lourdeur du texte.Doutes, c’est le choc sans merci du Ve et du VIe arrondissements : une collision d’opinions qui force (voire simule) tous ses désaccords pour faire carburer son nombrilisme absolu. Les dialogues, d’une roublardise bien savante et tout à fait grotesque, se voudraient élégamment contradictoires, dialectiques. Mais les dés sont pipés : le boniment rebondit d’une voix à une autre, passant par une perche tendue, une référence cultivée, fabriquant une détestable partie de ping-pong verbal où, parce qu’un personnage s’appelle Albertine, il faudra forcément le faire disparaître. Un film où personne ne s’écoute, et qui n’écoute que lui-même.
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